« Je suis une bougie, je me suis consumée tout au long du festin.
Recueillez ma cire au matin,
Et cette page vous dira tout bas
Comment pleurer, de quoi être fier,
Comment offrir
Sa dernière part de gaieté avant de mourir, facilement,
Et sous l’entrée d’un toit de hasard,
Brûler après la mort, tel un mot. »

Arséni Tarkovski, extrait d’un poème sans nom de 1977 traduit par Aurélien Lécina, in Revue Conférence n° 10-11 (2000), p 591.

« La reconnaissance au-delà des frontières de la Russie est acquise à Andreï, mais son père est presque ignoré en Occident. Dans leur simplicité immédiate, les poèmes d’Arséni Tarkovski accèdent pourtant à une ampleur profondément émouvante, doués qu’ils sont de cette largeur russe chère à Dostoïevski. Cette ampleur relève d’abord d’une attitude mystique, d’où l’intime résonance qu’ils trouvent en nous : pour le poète, l’homme est pétri de cette glaise originelle, ce mélange boueux de terre et d’eau tombée du ciel, de même que ses sentiments, sa joie d’être et de parler, de créer, par quoi l’on pourrait définir la foi tarkovskienne, si étrange et déroutante. L’humanité n’est qu’une part infime du monde. Pourtant ce constat n’exclut aucunement la possibilité du lyrisme, il remet l’homme à sa juste place, le rend à son humanité, accroît en lui le désir de se replonger dans la matrice dont il est issu. »

Aurélien Lécina, D’un père à un fils, introduction aux Poèmes d’Arséni Tarkovski, Revue Conférence n° 10-11 (2000), p 588.

Pour poursuivre la route ensemble...
Anne Montel, L’Abécédaire des métiers imaginaires

Ce qu'il y a d'admirable avec l'imagination d'une magicienne poètesse, c'est qu'elle nous enivre deux fois : par le touché délicat de son dessin facétieux, d'une part, par le vertige de ses expressions nimbées d'un vocabulaire soigné, aux allusions aussi fines que plaisantes, d'autre part.

Charles ! Voyons… – À peine à propos de Mon coeur mis à nu, de Charles Baudelaire

« Charles, je vais te traquer, je vais te retrouver, et je vais te faire du mal. » Fut ma première (ré)impression à la relecture de Mon cœur mis à nu. Dénichant ce petit > Lire plus

Dantec, l’espace vital

C’est parce qu’il y a des facteurs à prendre en compte. J’avais vingt ans, et contrairement aux apparences, je sais être docile et fidèle aux vrais électrochocs. J’avais vingt ans, et il m’a inversée.

Arthur Cravan, précipité par Lacarelle

« Quelqu’un obstinément cherche à sortir de moi » Arthur Cravan. Les noyés sont des prophètes qui parlent la langue des signes dans des gestes si lents qu’ils balaient notre mémoire. Bertrand Lacarelle. « La mort dans les flots est-elle le dernier mot des forts ? » Robert Desnos.   Nous avons tous les trois > Lire plus

Georges Bataille, dépenser pour soi

Once there was class war, but not any longer 'cause we are all bourgeois now. Ce qui me semble exemplaire dans le texte qui suit, tiré de La notion de dépense de Georges Bataille (La part maudite, éditions de Minuit, 1967, pages 37-38), c’est bien évidemment la lecture métaphorique que > Lire plus

Arrivée au Centre, j’attends

J’avais oublié la brume, ce matin Orléans disparaît. Je descends tôt vers la Loire, à travers les ruelles aux pierres blanches qu’on devine douces, qu’on ne touche pas encore. Depuis que je sais marcher, à nouveau, que je ne me perds plus, j’avale les artères et les petites veines, les > Lire plus

Vous souhaitez recevoir les articles ?

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.