Brèves de lecture
Comme leur nom l’indique, ces brèves n’ont pas pour vocation de s’attarder en un papier complet ni nécessairement laudatif, mais de conserver ces choses lues.
Occupée – Julien Gracq, La Maison
« J’avais soudain la sensation absurde et en même temps extrêmement précise que le bois était d’une manière ou d’une autre occupé. »
Paris, par la petite porte – Sergio Aquindo, Bête à gravats
Un premier roman en récit généreux, au cœur du monde des travailleurs pauvres, immigrés ou non, qui garde dans son humanité imbibant chaque page le souvenir vif de cette entrée en la matière brute et sans pitié.
Autorités intellectuelles – La fille parfaite, de Nathalie Azoulai
Lorsqu’Adèle la mathématicienne se suicide (pendue, comme un homme), Rachel, l’écrivain, résignée, soulagée autant que mortifiée, se met en devoir de témoigner, car après tout, la littérature, elle, reste.
Contre la désolation du présent – Dag Hammarskjöld, Jalons
Jalons est le secret d'un homme résolu, juste, rare. Ses traits fusent tour à tour ardents et dépouillés, alors qu'il se retire le soir d'un monde qu'il a investi le jour, afin de ne pas oublier d'en extraire, interroger et conserver l'essence.
Anne Montel, L’Abécédaire des métiers imaginaires |Ptits Bisons
Ce qu'il y a d'admirable avec l'imagination d'une magicienne poètesse, c'est qu'elle nous enivre deux fois : par le touché délicat de son dessin facétieux, d'une part, par le vertige de ses expressions nimbées d'un vocabulaire soigné, aux allusions aussi fines que plaisantes, d'autre part.
Nous n’avons pas le choix – Nuccio Ordine, George Steiner, L’Hôte importun
J'aime beaucoup Nuccio Ordine, son éternelle ferveur, sa gentillesse, ses passions. J'ai lu avec plaisir son petit essai hommage à Steiner, où comme toujours, il excelle dans l'art de la citation parfaite choisie parmi les milliers de feuillets à sa disposition. Il...
Benoît Vitkine, Donbass
Qui peut bien avoir poignardé ce petit garçon de six ans, abandonné sur un terrain vague dans la zone grise du Donbass déjà en proie à la guerre entre séparatistes pro-Russes et Ukrainiens ? C’est ce que veut découvrir le colonel Kavadze, décalé et amer. Nous...
Andreï Kourkov, Les Abeilles grises
Les Abeilles grises est le dixième roman de l’ukrainien de langue russe Andreï Kourkov à avoir été traduit en France (avec aussi son Journal de Maidan, tous aux éditions Liana Levi. A partir du début de la guerre en Ukraine, il ne s'exprimera et n'écrira plus qu'en...
Éric Hoffer, Le vrai croyant : pensées sur la nature des mouvements de masse
« Aux frustrés, un mouvement de masse offre, soit à leur personnalité tout entière, soit à certains de ses éléments, des vocations de rechange qui leur rendent la vie supportable et qu'ils ne peuvent pas tirer des ressources de leur propre fond. »
Mariette Navarro, Ultramarins
Un premier roman sorti de nulle part, ou plutôt de dix ans de gestation après une résidence d’écriture en pleine mer, voilà une surprise savoureuse. Depuis la découverte plutôt hideuse de la nouvelle édition de À Dos de Dieu, L’Ordure lyrique de Marcel Moreau chez...
Patricia Sorel, Petite histoire de la librairie française
Un essai alerte, vraiment tonifiant, sur l'évolution du métier de libraire en France. Rien ne date d'aujourd'hui, ce qui ne constitue pas une excuse mais enfin... on se prend à rêver depuis le XVIIIe siècle une profession idéale qui n'a existé que par fulgurances...
« Si je dois céder, je céderai comme un Apache. » Edward Abbey, Le Feu sur la montagne
Écrit dans les années 1960 par un fou du désert américain, écrivain-culte de la contre-culture et du nature writing, et fervent insolent incorruptible, ce roman traduit par Jacques Mailhos est ramassé comme un feu de bois improvisé, allumé au cœur d’une nuit froide mais magnifiquement étoilée.