Brèves de lecture
Comme leur nom l’indique, ces brèves n’ont pas pour vocation de s’attarder en un papier complet ni nécessairement laudatif, mais de conserver ces choses lues.
Origines du Grand Nord – Pythéas, de François Herbaux
« Aussi longtemps qu’il y aura des choses à chercher, il y aura des chercheurs. » disait le poète brittonique Aneurin, croisé dans La Figure du dehors de Kenneth White. Et c’est toujours un plaisir d’embarquer aux côtés d’un intempestif (hors de l’air du temps) qui...
En pleine surface – David Wahl, La vie profonde
⬇ Voici un livre que je n’ai pas trouvé bon, tout juste passable – comprendre que je l’ai terminé rapidement, sans réel profit mais avec la seule perte de mes dix-neuf euros : la catastrophe est évitée, je vais tenter de m’en expliquer. ⬇ Il s’agit du journal de...
Destinée en panne – François Ide, God Bless America
Ce pourrait être un livre de trop, de plus, voire de retard sur l’Amérique blanche à la « destinée manifeste » façon descente d’oxycodone, coïts d’obèses et maillots de bain Trump, une sorte d’énième trash novel où le narrateur éduqué et cynique cabotinerait sur le compte d’une classe sociale si facile à caricaturer, ce pourrait être le récit de voyage ébaubi d’un ravi de la crèche le long de canyons ancestraux sous les ciels déments qui n’attendent plus personne, mais les 124 pages de God Bless America souples et chatoyantes, remuées amoureusement jusqu’au velouté stylistique rare, mijotent la savoureuse surprise d’un inclassable périple, apparemment en panne.
Love birds songlines – Ali Cobby Eckermann, Ruby Moonlight
Le minier Jack et sa gemme Ruby s’enfoncent dans une nuit où ils voient, ils ne s’appartiennent pas mais se quittent et se retrouvent au rythme de leurs quêtes solitaires, alors que la violence stridente des possédés et des possédants, autour d’eux, fait rage et constamment les menace.
Se rendre sans se soumettre – D.H. Lawrence, Le Renard
Comme toujours sensuelle, magnétique et si finement perspicace, la prose de D.H. Lawrence étreint et caresse, pousse dans tous les retranchements avant de toucher précisément ce point où tout être même le plus récalcitrant s’ouvre et se rend dans un évanouissement charnel.
Charles ! Voyons… – À peine à propos de Mon coeur mis à nu, de Charles Baudelaire
« Charles, je vais te traquer, je vais te retrouver, et je vais te faire du mal. » Fut ma première (ré)impression à la relecture de Mon cœur mis à nu. Dénichant ce petit trésor d’édition de 1945 pour une bouchée de pain, je décidai de le relire hier soir, pour me...
Compris dans le paysage – Fjord, de Willy Wanggen [album jeunesse]
« Tout enfant est un habitant originaire du monde sauvage, et un errant dans la société. C’est un indigène cosmique que les adultes enrôlent dans les rangs de la civilisation, en lui apprenant à cesser de danser, à marcher au pas, à penser l’Histoire, à tout...
De guerre crasse – Ambrose Bierce, Histoires macabres et flegmatiques de la Guerre de Sécession
En ces pages, surnaturellement ou non, tous seront frappés. Tous mourront. Et les témoins en conserveront longtemps une fable stridente qui débordera, et de loin, la seule littérature de genre.
Le triomphe du ciel – Alain Cueff, Ciels d’Amérique (1801-2001) [Arts]
Thomas Cole, Winslow Homer, Albert Pinkham Ryder, George Belows, Alfred Stieglitz, Mardsen Hartley, Georgia O’Keeffe, Thomas Hart Benton, Jackson Pollock, Barnett Newman, Robert Smithson, Walter De Maria, Ed Ruscha et Jack Goldstein vous convient à traverser leur pays par tous les vents, de jour comme de nuit, de la « destinée manifeste » à la sombre désespérance.
Soulever les tombes – Edgar Lee Masters, Des voix sous les pierres
Ces traits tantôt fulgurants et mystiques, tantôt pragmatiques et cocasses, fiers et farouches, désespérés ou résignés, montent des pierres chaudes en une brume bruissant des ruminations de ces gentils fantômes stupéfaits de leur sort.
Don’t Leave Me Now – Samuel Lebon, Ne pleure pas sur moi
Ce court texte d'amour et de béances, fracassé et inattendu, suppure de références explicites pour les amateurs de dingueries du plat pays. Il s’avère bien moins gratuit que son postulat d’ouverture et ses poses cavalières ne le laissent supposer.
La France dépecée – Marion Messina, La peau sur la table
Marion Messina achève sa mission sans l'indélicatesse de nous condamner à nous positionner bassement. Elle expose, pour nous délivrer tous, ce qui dégrade, humilie et rejoint l’abject sans ciller.