C’est lorsque le murmure gronde que je m’aime davantage, souriant au vent, appréhendant la foule pour la pourfendre, toujours seule, arpentant mon domaine, consultant mes courbes, débranchant les sondages. Paranoïaque du premier complot, narcissique à me tuer d’amour, cynique à décontenancer un chien, vulgaire à décoiffer mes lettres, désespérée à en être joviale, l’image que je veux donner revient en courant dans mes bras. Mon  éclat de rire gargantuesque secouera sans un bruit une échine déjà sale, la graisse étouffera mes recoins maléfiques, je suis plantée et je suis grande, et je supporte et je rugis. Marche sur moi armée immonde, j’ai plus de force de frappe que mille, canalise toi langage, ou pas, j’ai plus de mots que nécessaire. Je ne guérirai pas pour l’heure car c’est à vif que je comprends, j’ai décidé de vivre un peu et de mourir une fois, j’ai décidé et tu suivras.

Il ne suffit pas à ma peine que la fureur s’estompe, je remuerai sans cesse, je serai toujours là, j’imposerai mon remugle. Tu ne dormiras pas. Encourageante mais exigeante, je serai fière de moi. J’ourle, j’encaisse, je contrecarre, demande moi n’importe quoi que je refuse, si tout est grave quand j’ouvre les yeux c’est parce que j’y vois. Ce que je vois déferle, siphonne, vrombit, implose, éclate, incendie, étrangle, extermine, catapulte, déchire, piétine, engouffre, dévore, se précipite en moi. On veut m’abattre, me déliter, m’aliéner, m’enduire, me soumettre, les scélérats parcourent mon corps, violent ma voix, on détruit ma raison, on veut tordre mes membres, on déverse la douleur sur les murs vides qui flambent, on lapide mes vitres de rochers en fusion, la lave entre en contact et mes veines durcissent, on veut jeter ma langue aux machines affamées, j’enrage et je bondis, je grésille, je fume, déjà je disparais mais mon tapage perdure.

J’y vois. Au temps pour moi.

Pour poursuivre la route ensemble...
Ciel de mère

Ils ont respecté le pacte. Ils n’ont pas touché à mon fils. Ils reviennent pour me prendre.

« La condition de l’amour, c’est le silence » – Charles de Foucauld, Déserts

Pour A.K. « Il faut lire les extraits de ce Dictionnaire touareg-français [de Charles de Foucauld] comme l’un des hymnes les plus lumineux à la beauté de la création, dans la transparence d’un regard qui n’est plus orienté par le désir mais par l’accueil. (…) L’auteur n’est pas déterminé seulement par > Lire plus

Patrick Tudoret, Super flumina Moraldinis… (Quelques pas sur les bords du fleuve Moreau…)

En 2012, Patrick Tudoret écrivit une "flânerie" puissante inspirée par Marcel Moreau, qui nous a quittés le 4 avril dernier. Il me permet de le reproduire ici en intégralité. Qu'il en soit à nouveau vivement remercié.

Mergitur

Maintenant qu’elle sombrait, il ne disposait plus des ressources nécessaires pour envisager de lui tendre la main. Il assistait sans haine à ce dont il était intimement persuadé, à peine étonné d’avoir eu raison, n’en tirant aucune gloire. Paris, enfin, coulait.

bruit du poète
Le bruit du poète

Je venais vérifier un fracassement, comme on souffle un vieux feu de loin, sachant qu’on ne risque plus rien d’une haleine figée par les stupéfiants. Je suis rentrée maintenant, à vol d'oiseau, plus si loin de toi. J’écoute le silence lyrique, celui qui s’écoule en boucles onctueuses sur les places > Lire plus

Apte à toi

Alors d’accord, regarde ce qu’on va faire. Je vais avancer lentement ma main, tu vois, là, doucement, et je vais prendre la tienne. Non, non, vraiment, n’aie pas peur.