Fictions - Récits
Ce que j’écris, qui n’a pas de cadre et encore moins d’excuses.
Ce bébé, est-ce qu’il a vraiment existé ?
Allez-vous entendre ce cri, ce nouveau, ce fameux, ce déchirable cri ? Allez-vous le moquer, l’étouffer, le parer de vos rires ? Allons, ne vous moquez pas de moi… qui a déjà retenu le bébé, qui a poursuivi sa trace, pour le dorer, le geler, le manger, qui a vociféré contre lui toute sa haine terrible contre l’éternité… allons… n’y pensez-plus, tous les bébés sont terminés.
Effarouchement
Tu peux sonner la charge. Je tiendrai. Il n’y a qu’ici que plus rien n’est tenté contre tout ce que je peux, dehors.
Le bruit du poète
Je venais vérifier un fracassement, comme on souffle un vieux feu de loin, sachant qu’on ne risque plus rien d’une haleine figée par les stupéfiants. Je suis rentrée maintenant, à vol d'oiseau, plus si loin de toi. J’écoute le silence lyrique, celui qui s’écoule en...
Le réel entre nous, uniquement le réel
Alors je te sens revenir me chercher, réclamer ta place et la défendre. Tu les assommes tous d’une attention rapide, sauvage, la seule que tu pourras et que je bois avidement comme une eau désinfectée au milieu du cloaque.
Ciel de mère
Ils ont respecté le pacte. Ils n’ont pas touché à mon fils. Ils reviennent pour me prendre.
Moiteur des cuves
La fenêtre a claqué brutalement sous l’effet d’une soudaine bourrasque, le temps changeait encore. Les montagnes baignaient à présent dans une soupe de brume et paraissaient moins hautes. Elle remonta sa bretelle et constata de la poussière sur sa robe. Ses jambes...
Béla Tarr. Mes harmonies, les vôtres
Quand le brouhaha s’est apaisé, le prince a dit : ce que vous construisez et ce que vous construirez, ce que vous faites et de que vous ferez, tout n’est que déception et mensonge. Ce que vous pensez et ce que vous penserez est ridicule. Vous pensez car vous avez...
Bandol
On a derrière nous, en ombre qui attend sur le chemin, l’année. Cette année d’impatiences, de labeurs, de souffrances, parfois. Une année d’éclats de voix et de rires, de peurs paniques, de nausées du décalage. Une année de crashs et de festins lugubres, de discours mécaniques dans des postes éreintés, de regards vides et parfois, dans une fulgurance, tristes à n’en pouvoir plus supporter.
Cabrini-Green | La place du mort
Soudain tu es à la place du mort, la fenêtre grande ouverte. Moite, parce qu’il fait encore trop chaud à 3h du matin, et le pitch black peine à céder aux taches sales, vaguement jaunes des spots, ouais, des spots des rues, là, les « réverbères » pour dire un mot...