Balades littéraires : critiques libres
Ce que j’ai lu, je dialogue librement avec pour le transformer en ce qui s’incarne.
« Je vous entends, m’entendez-vous ? » – Cécile Ladjali, La nuit est mon jour préféré
« Borgnes ou culs-de-jatte, nous avançons dans une forêt de signaux ténus et il nous faut être sensibles aux vibrations. C’est ainsi que nous devenons des prophètes. » Tom, psychiatre à Tel-Aviv, reçoit dans son institution Roshan, Palestinienne désespérée, en...
La guerre des ordinaires – Henry Lion Oldie, Invasion, journal d’Ukrainiens pacifiques
« Dis, général, de quel mal notre ère souffre-t-elle ? — Celui du siècle dernier. » Stupeur, consternation, impuissance, adaptation rapide à d’absurdes nouvelles conditions de subsistance, volontariat : voici le lot qui apparait désormais commun à chaque civil...
« Le secret, c’est de ne jamais accélérer » | Heptanes Fraxion, Ni chagrin d’amour ni combat de reptiles
Il y a quelques mois, bien entouré d'autres, j'ai lu ce poème Ni chagrin d'amour ni combat de reptiles. J'ai pensé me faire tatouer le titre sur le bras, comme une bravade mystérieuse vers des ennemis invisibles et des copains imaginaires. Mais son auteur,...
« Power is exerted vertically on people who clash horizontally » ~ Jérôme Sessini, Inner Disorder – Ukraine, 2014-2017
« Je n’ai rien fait qu’être là, ces trois dernières années. Je me suis mis à la place de l’autre, et j’ai refusé de choisir un camp. »
Épuiser la guerre – Arnaud de La Grange, Le huitième soir
Vent noir, lieutenant de 26 ans, se porte volontaire pour l'Indochine, et la bataille de Dien Bien Phu. Pourquoi ?
En huit soirs, dans son carnet, il assiste à sa propre création, et dans son atmosphère, nous y assistons avec lui. Voici quelques mots tentés, sur cette explosive expérience, pourtant tout en délicatesse.
Ще не вмерла України ~ Le Pingouin d’Andreï Kourkov : vivre sans excuses
« Les Ukrainiens sont individualistes, égoïstes, anarchistes, et ils n’aiment ni le gouvernement ni l’autorité. Ils pensent être capables d’organiser leur vie quel que soit le parti ou la force au pouvoir dans leur pays. S’ils n’aiment pas ce que font les...
On ne dit pas putain ; Irkoutsk, de tête ; Heptanes Fraxion | Carnets actifs
il y a des contretemps putain il y a des contretemps qui sont essentiels Heptanes Fraxion, Nuit bleue Quand j’étais plus jeune, mais sans doute encore maintenant, c’est vrai, j’oublie, mon père jouait du synthé et il chantait dans des petits bars de Poitiers, ce...
Ma musique sous ta botte | Julien Delmaire, Delta Blues
Delta Blues, commencé le cou sous la botte à rechercher son air se termine dans un tonnerre de cordes saturées, de bouffées humides de restes d’inondation et de tas de cendres des feux de croix de petites bites en cagoules de draps.
Déclin et salut de la littérature : Philitt revient, et redresse
« Laissons aux idéologues du déclinisme l’illusion d’un âge d’or révolu de la littérature – et osons être présents à notre monde. »
Plutôt mourir que crever ici | Paulina Dalmayer, Les Héroïques
Le cancer de Wanda ne lui laisse plus de doute : elle va en mourir, et rapidement. Abordant les soixante-dix ans sans comprendre où ils sont passés, celle qui dévora les promesses ambiguës d’une Pologne mal libérée se remémore ses amours, son métier de pédiatre, sa...
Bavure médicale – Les 700 aveugles de Bafia, de Mutt-Lon
Tiré d'une affaire réelle, quoique tout à fait méconnue, Les 700 aveugles de Bafia permettent à l'auteur camerounais Mutt-Lon, dont c'est ici le second roman, de déployer un récit narratif prenant, sensible et sobre. Composé en flash-backs imbriqués, le roman se dévore pour l'intrigue sans doute plus que pour sa psychologie, dont on sent qu'elle n'est pas le principal moteur de l'écrivain.
Ser terco. Insistir – Marion Messina, Faux Départ
Sobre, digne et cru, le style de Marion Messina, qui suit son héroïne simple et franche, ne cède jamais ni au sarcasme ni au pathos. Résolue à se battre, résignée à simplement survivre, Aurélie donne une voix à la jeunesse provinciale motivée mais perdante d'avance. La jeune prodige égratigne avec brio mais sans désespoir complaisant la fameuse égalité des chances, et règle quelques comptes avec son époque, non sans élégance ni fermeté.