Il y a quelques mois, bien entouré d’autres, j’ai lu ce poème Ni chagrin d’amour ni combat de reptiles. J’ai pensé me faire tatouer le titre sur le bras, comme une bravade mystérieuse vers des ennemis invisibles et des copains imaginaires. Mais son auteur, l’étrange et magnétique Toulousain de la casse, Heptanes Fraxion, m’a suggéré d’en écrire plutôt ce que j’en pensais.

En librairie aujourd’hui, dans une collection au doux nom de Nuits indormies, voici donc le nouvel Heptanes Fraxion qui se mariera autant avec la bruine providentielle annoncée pour octobre qu’avec la détresse de vos pelles mal roulées sous les décorations moisies de bars associatifs. Si l’on pouvait installer l’électricité brute de Dantec dans les gravats d’un Cantat d’avant-gifle au milieu desquels giseraient quelques bons gars et chouettes filles inconnues du dictionnaire, on obtiendrait sans doute une idée des poursuites poétiques de cet ovni littéraire dont je suis honorée d’avoir signé la brève postface, qui commencera ainsi :
« C’est le traitement Heptanes Fraxion : tu termines propre, au centre, la pierre insécable calée entre deux côtelettes carbonisées par l’évidence, et trois os noircis par le feu éclair des formules. Toute fumante, dégraissée et intacte.
Il pleut des villes en lui, c’est désaffecté entre deux folles, tout schlingue, démantelé, mais le feu droit de sa poésie parmi les bêtes brutes continue d’avancer, que c’en est beau comme le soufi Attar à qui je vole l’image.
Il dit « l’automne éclate comme une guerre » et ça m’en éclabousse les pieds ; j’ai mal au même bide que lui, et lorsqu’il termine sa bière assis sur le crépuscule rouillé, je lance le cadavre de la mienne dans la benne à gravats.
Et le chemin à prendre se dessine. Insidieusement, au milieu du terrain vague de ses observations routinières, se dresse progressivement la bâtisse.
Elle finit par étinceler sur nos gueules de bois de toutes ses fenêtres exposées sud. Alors je mets mes pas dans les mots de Fraxion et c’est à mon tour d’avancer, quelque chose. […] »
Grâce soit rendue à l’artiste, et à ses éditeurs, pour m’avoir, pour une courte mais intense étape, hébergée avec générosité.
ll se commande en librairie ou sur le site de l’éditeur Aux Cailloux des Chemins : https://www.aux-cailloux-des-chemins.fr/ni-chagrin-d…
PS : cette postface ne sert à rien, si vous vous posiez la question. Les bons livres tiennent debout tout seuls, disait la Woolf.
Mais se taper l’incruste en fin de soirée, parfois, donne de belles aubes partagées. Je l’ai souhaitée, en tous les cas, telle.

 

 

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