Pour célébrer Coinneach le Blanc, né écossais, mais chinois, grec, slave — parfois français de cœur, je vous lis le début de sa genèse : En toute candeur, traduit par Pierre Leyris, paru en 1964 au Mercure de France.
[crédits musique de fond : The Irrepressibles, Learning to Take Care of Within]
« Les vrais poètes et les vrais artistes ont le sens de la vie et sont des accroisseurs de vie. Étant donné qu’un accroissement de vie implique, au moins au stade initial, lutte et souffrance — l’enfer de tout homme, qui est partout — la plupart des hommes ne peuvent y faire face et préfèrent, par lâcheté et désir de confort, demeurer dans leur apathie ; ils n’essayent pas de se maîtriser, mais de se convaincre, ils ne sont pas, ils croient — ou bien, rejetant conviction et croyance, ils sont autant de chair pourrissante à la surface de la terre : de chair à civilisation. Celui qui a le sens de la vie et qui a atteint à la conscience de soi, est. Il va de la dépendance — état que la plupart ne quittent jamais — à l’existence, dans le monde qui devient pour lui une provocation. Le monde m’est une provocation. Contre lui, j’affirme mon propre monde, qui est le monde réel. La poésie est affirmation de la réalité. Ni plus, ni moins. »