« Il y a un secret plus grave. L’amour n’est pas que guerre prédative ni les baisers seulement carnivores. La nuit ne tend pas vers le jour.
La nuit est un monde.
Quelque chose qui appartenait au bonheur se perd dans l’étreinte. Il y a dans le plus complet amour, dans le bonheur lui-même, un désir que tout bascule subitement dans la mort. Ce qui vient déborder de violence dans la jouissance est surpassé par une tristesse qui n’est pas psychologique. Par une langueur qui effraie. Il y a des larmes absolues qui se mêlent. Dans la volupté, il y a quelque chose qui succombe.
C’est un attendrissement pour l’autre qui angoisse le cœur. C’est une sensation de l’instant qui ne nous est pas possible. C’est une jalousie d’on ne sait quoi dans le passé et qu’on ne saura pas faire revenir. La détumescence pleine de joie s’adjoignant la sensation de l’irrenouvelable confine au désir de pleurer. On conçoit que bien des bêtes meurent au moment où elles fraient ou s’accouplent. Quelque chose est fini.
Quand on aime le plus intensément, quelque chose est fini. »

Pascal Quignard, Le sexe et l’effroi, Gallimard (grand format splendidement illustré, ou folio)

Pour poursuivre la route ensemble...
Il lui manque un « dedans » – José Ortega y Gasset, La Révolte des masses

En souvenir de José Ortega Y Gasset, mort un 18 octobre, en 1955. « Sur toute la surface de l’Occident triomphe aujourd’hui une forme d’homogénéité qui menace de consumer ce trésor. Partout l’homme-masse a surgi – l’homme-masse dont ce livre s’occupe –, un type d’homme hâtivement bâti, monté sur quelques > Lire plus

Arséni Tarkovski et la largeur russe

« Je suis une bougie, je me suis consumée tout au long du festin. Recueillez ma cire au matin, Et cette page vous dira tout bas Comment pleurer, de quoi être fier, Comment offrir Sa dernière part de gaieté avant de mourir, facilement, Et sous l’entrée d’un toit de hasard, Brûler > Lire plus

Avec les anarchistes de l’âme – John Cowper, Theodor et Llewelyn Powys, Les Parias

Donnez-nous, ô dieux, pleine liberté de passer avec indifférence notre chemin. Donnez-nous même l’illumination d’une haine sans borne. Mais délivrez-nous – au moins – de l’hypocrisie d’une condamnation légale !

Portée profonde – Gary Snyder, La Pratique sauvage

« Sauvage [l’une des possibles définitions] : lieu difficile et dangereux, que l’on pénètre à ses risques et périls, où l’on dépend de ses propres capacités et où il n’est pas question d’attendre de l’aide. » Nous chercherons des réponses dans la profusion de ces pages-jungle constituées par quinze ans de conversations, conférences > Lire plus

Love birds songlines – Ali Cobby Eckermann, Ruby Moonlight

Le minier Jack et sa gemme Ruby s’enfoncent dans une nuit où ils voient, ils ne s’appartiennent pas mais se quittent et se retrouvent au rythme de leurs quêtes solitaires, alors que la violence stridente des possédés et des possédants, autour d’eux, fait rage et constamment les menace.

Norman Mailer, Oh My America

"Alors, quand me pardonneras-tu d'être un homme ?" Serge Rezvani, Vers les confins. Lettre de Norman Mailer à sa femme Béatrice pendant la guerre du Pacifique durant laquelle il a écrit "Les Nus et les Morts" Capture du film  Norman Mailer, Histoires d'Amérique, France 2, 1998. > Lire plus

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