« Il y a un secret plus grave. L’amour n’est pas que guerre prédative ni les baisers seulement carnivores. La nuit ne tend pas vers le jour.
La nuit est un monde.
Quelque chose qui appartenait au bonheur se perd dans l’étreinte. Il y a dans le plus complet amour, dans le bonheur lui-même, un désir que tout bascule subitement dans la mort. Ce qui vient déborder de violence dans la jouissance est surpassé par une tristesse qui n’est pas psychologique. Par une langueur qui effraie. Il y a des larmes absolues qui se mêlent. Dans la volupté, il y a quelque chose qui succombe.
C’est un attendrissement pour l’autre qui angoisse le cœur. C’est une sensation de l’instant qui ne nous est pas possible. C’est une jalousie d’on ne sait quoi dans le passé et qu’on ne saura pas faire revenir. La détumescence pleine de joie s’adjoignant la sensation de l’irrenouvelable confine au désir de pleurer. On conçoit que bien des bêtes meurent au moment où elles fraient ou s’accouplent. Quelque chose est fini.
Quand on aime le plus intensément, quelque chose est fini. »

Pascal Quignard, Le sexe et l’effroi, Gallimard (grand format splendidement illustré, ou folio)

Pour poursuivre la route ensemble...
Faux départ – Les Cosaques, de Léon Tolstoï

"Comprenez une chose, ou croyez-moi : il faut voir et saisir ce qu’est la vérité et ce qu’est la beauté ; alors tout ce que vous dites, tout ce que vous pensez, tous les souhaits de bonheur que vous faites pour vous et pour moi, tomberont en poussière. Le bonheur, > Lire plus

Jacques Chessex, alcool et résistance

"Geneviève Bridel : (...) C'est le vertige alors qui vous attirait dans l'alcool ? Jacques Chessex: Non, c'est le culte de la paresse. La consommation régulière et massive d'alcool entretenait en moi une sorte de paresse musicienne, peuplée, harmonieuse et immobile. Je ne buvais pas de manière gesticulatrice, je n'ai > Lire plus

La Cité de l’Indicible Peur (Jean Ray | X-Files)

« Qui sont-ILS ? On ne le saura jamais mais les estafettes de la Grande Peur meurent sans dévoiler leur effroyable secret.»

Serge Rezvani, Leçons de vie

[J'ai eu aujourd'hui l'honneur de visiter Serge Rezvani dans sa maison parisienne. Le prétexte était de lui faire signer quelques livres à destination de lecteurs sensibles à ces attentions. Je voulais surtout voir ses tableaux, invisibles en ligne. J'ai obtenu ce jour plusieurs marques de confiance de la part de > Lire plus

Pourquoi faut-il lire les Lettres du Nord ? Adieu à Boyer

Cela fit comme un cri d’oiseau étrange sur le lac désert. Savoir si l’oiseau était grand ou petit, cela ne s’entendit pas. Tarjei Vesaas, Les Oiseaux. Régis Boyer est mort le 16 juin dernier, à 84 ans, et j’ai tardé à m’en émouvoir, prise dans la course folle de ma > Lire plus

Simone Weil, La Personne et le Sacré – Le cri est infaillible

« Il est inutile d’expliquer à une collectivité que dans chacune des unités qui la composent il y a quelque chose qu’elle ne doit pas violer. D’abord une collectivité n’est pas quelqu’un, sinon par fiction ; elle n’a pas d’existence, sinon abstraite ; lui parler est une opération fictive. Puis, si elle était > Lire plus

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