Balades littéraires : critiques libres
Ce que j’ai lu, je dialogue librement avec pour le transformer en ce qui s’incarne.
Ma musique sous ta botte | Julien Delmaire, Delta Blues
Delta Blues, commencé le cou sous la botte à rechercher son air se termine dans un tonnerre de cordes saturées, de bouffées humides de restes d’inondation et de tas de cendres des feux de croix de petites bites en cagoules de draps.
Déclin et salut de la littérature : Philitt revient, et redresse
« Laissons aux idéologues du déclinisme l’illusion d’un âge d’or révolu de la littérature – et osons être présents à notre monde. »
Plutôt mourir que crever ici | Paulina Dalmayer, Les Héroïques
Le cancer de Wanda ne lui laisse plus de doute : elle va en mourir, et rapidement. Abordant les soixante-dix ans sans comprendre où ils sont passés, celle qui dévora les promesses ambiguës d’une Pologne mal libérée se remémore ses amours, son métier de pédiatre, sa...
Bavure médicale – Les 700 aveugles de Bafia, de Mutt-Lon
Tiré d'une affaire réelle, quoique tout à fait méconnue, Les 700 aveugles de Bafia permettent à l'auteur camerounais Mutt-Lon, dont c'est ici le second roman, de déployer un récit narratif prenant, sensible et sobre. Composé en flash-backs imbriqués, le roman se dévore pour l'intrigue sans doute plus que pour sa psychologie, dont on sent qu'elle n'est pas le principal moteur de l'écrivain.
Ser terco. Insistir – Marion Messina, Faux Départ
Sobre, digne et cru, le style de Marion Messina, qui suit son héroïne simple et franche, ne cède jamais ni au sarcasme ni au pathos. Résolue à se battre, résignée à simplement survivre, Aurélie donne une voix à la jeunesse provinciale motivée mais perdante d'avance. La jeune prodige égratigne avec brio mais sans désespoir complaisant la fameuse égalité des chances, et règle quelques comptes avec son époque, non sans élégance ni fermeté.
Résistance à la nuit – Alain Giorgetti et son roman refuge
Tu sais, donc. Tu as traversé, toi aussi. Les galets dans le dos, et le froid, il ne te faut pas bien longtemps pour les prendre pour toi. Echoué et sans secours, tu es déjà mort dans l’indifférence générale. Et puisque tu as eu cette chance infinie de rester un...
Ne freine que devant Dieu – Road Trip, de Pierre Billon
Pierre Billon raconte trois road-trips en motos avec Johnny Hallyday, et nous fait rouler vers l'Ouest avec sa bande.
Briser la ligne | Les mots du Mal, David B. Deckard
Les mots qu’on m’adresse semblent tous trempés dans du poison de dendrobate, et même s’ils ne visaient aucun organe vital, me frôlant, ils me contaminent et me promettent une agonie fastidieuse. Et pourtant, malgré tout, je ne meurs pas. Pas encore. Alors m’approcher du gouffre de David, je n’en avais pas grand peur, non. La même que toutes les autres.
Le Charles Péguy de personne
À propos du carnet de voyage Parking Péguy de Charles Coustille, photographies de Léo Lepage, à la recherche des lieux de France portant le nom de Charles Péguy.
Refaire sa vie | Mado, de Marc Villemain
Marc Villemain donne ici son plus beau roman, à l'ardeur contagieuse et la menace permanente.
Lettre à une jeune guerrière | La Résistance d’Ernesto Sabato
Il faut aimer son coin, Clarissa, même si tu le subis. Garder, comme préconise un personnage de Proust, un « grand morceau de ciel » constamment au-dessus de toi, que ton cœur dévasté y reflète l’état réel du monde, la présence constante du mal, la difficulté de faire le bien comme de le ressentir.
Inflagration | Journal de galère, d’Imre Kertész
Je ne crois pas le journal de Kertész très bien nommé. Il n’exhale pas tant de « galère » que de grand chagrin blanc, refoulé au plus loin, caressant la mort des yeux sans jamais la trouver. Il traduit une tourmente consommée, une tornade de malheur bien plus maîtrisée que celle d’un jeune chien fou se coinçant la patte pour la toute première fois. Il nous laisse d’autant plus perplexe, rappelant le prix. Le prix humain des chefs-d’œuvre.