Hommage à Kenneth White, qui disparut l’été dernier, ce jour. Je ne le connaissais pas alors. On nous a présentés de la plus souterraine manière, la seule qui capture vraiment, et depuis, mon chemin est dévié, irrémédiablement : mais pourquoi demanderait-on un remède à chaque croisement ? Bienvenue au grand ressac des élans  : merci pour ce qu’on trouve, tant pis pour ce qu’on abandonne. Le rivage promet, le rivage reprend. L’océan demeure.

Pour célébrer Coinneach le Blanc, né écossais, mais chinois, grec, slave — parfois français de cœur, je vous lis le début de sa genèse : En toute candeur, traduit par Pierre Leyris, paru en 1964 au Mercure de France.

[crédits musique de fond : The Irrepressibles, Learning to Take Care of Within]

« Les vrais poètes et les vrais artistes ont le sens de la vie et sont des accroisseurs de vie. Étant donné qu’un accroissement de vie implique, au moins au stade initial, lutte et souffrance — l’enfer de tout homme, qui est partout — la plupart des hommes ne peuvent y faire face et préfèrent, par lâcheté et désir de confort, demeurer dans leur apathie ; ils n’essayent pas de se maîtriser, mais de se convaincre, ils ne sont pas, ils croient — ou bien, rejetant conviction et croyance, ils sont autant de chair pourrissante à la surface de la terre : de chair à civilisation. Celui qui a le sens de la vie et qui a atteint à la conscience de soi, est. Il va de la dépendance — état que la plupart ne quittent jamais — à l’existence, dans le monde qui devient pour lui une provocation. Le monde m’est une provocation. Contre lui, j’affirme mon propre monde, qui est le monde réel. La poésie est affirmation de la réalité. Ni plus, ni moins. »

Pour poursuivre la route ensemble...
Soulever les tombes – Edgar Lee Masters, Des voix sous les pierres

Ces traits tantôt fulgurants et mystiques, tantôt pragmatiques et cocasses, fiers et farouches, désespérés ou résignés, montent des pierres chaudes en une brume bruissant des ruminations de ces gentils fantômes stupéfaits de leur sort.

Cybèle, ce soir

Eux, tous, les innommables, que je ne suis même plus sûre de pouvoir dénombrer. La grande conspiration prête-à-porter et exaltée, bronzée, active. Négligée.

« Personne ne doit dormir » – Léon Chestov, La Nuit de Gethsémani, essai sur la philosophie de Pascal

"Voulez-vous continuer à suivre Pascal, ou votre patience est-elle à bout et préférez-vous passer à d'autres maîtres, plus compréhensibles et moins exigeants? N'attendez de Pascal nulle douceur, nulle indulgence. Il est infiniment cruel envers lui-même, et de même infiniment cruel envers les autres. Si vous voulez chercher en sa compagnie, > Lire plus

Liberté sans issue – Yves Ternon, Makhno, la révolte anarchiste 1917-1921

S’il ne s’agit en rien, pour Yves Ternon, de fondre une statue au milieu des mousses qui recouvrent la forêt de ces êtres libres et normalement sans visage, son essai cavalant bride abattue – au style procédant par bourrasques cinglant soudain au milieu du calme de la steppe, reprend toutefois > Lire plus

« Citer, c’est ruiner. » – Pascal Quignard, Les Heures heureuses

« Le mot rarus chez Spinoza est un mot opposé à la saturation. Rara laetitia : éparses les joies. Sed omnia praeclara tam difficilia quam rara sunt. Car tout ce qui est lumineux, tout ce qui est digne de lumière, est difficile autant qu’il est rare. »   Le 23 avril est une > Lire plus

« Power is exerted vertically on people who clash horizontally » ~ Jérôme Sessini, Inner Disorder – Ukraine, 2014-2017

« Je n’ai rien fait qu’être là, ces trois dernières années. Je me suis mis à la place de l’autre, et j’ai refusé de choisir un camp. »

Vous souhaitez recevoir les articles ?

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.