« Mais ils [les auteurs islandais] ont en plus, comme systématiquement, un don de poésie, un sens de l’ailleurs et de l’autrement, une conscience des forces occultes qui nous mènent à notre insu, qui transfigurent, littéralement, leur façon de dire. Ils savent l’aliénation de l’homme d’aujourd’hui, le manque de chaleur, la quête de bonheur à travers les diktats de l’existence planifiée et mécanisée, les jeux sournois de l’amour déshérité et de la haine aveugle – comme nous. Ils aiment la vie, la vie profuse, en attente, offerte à qui sait, à qui veut la voir : peut-être est-ce là la raison pour laquelle l’enfant ou le marginal tient une telle place dans leurs réflexions. Ils nous rappellent, implicitement le plus souvent, qu’il n’est pas plus possible aujourd’hui qu’il y a un millénaire, de vivre sans poésie véritable. »

Odin aprés avoir dérobé à Suttung l'hydromel poétique se transforme en aigle. Manuscrit Islandais du XVIII° siécle

Odin aprés avoir dérobé à Suttung l’hydromel
poétique se transforme en aigle.
Manuscrit Islandais du XVIII° siécle

Régis Boyer, Trésor de la nouvelle de la littérature scandinave, Belles Lettres, page 100, notice d’introduction aux nouvelles islandaises.

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Source de l’illustration d’ouverture : La Maison de la culture – Þjóðmenningarhúsið de Reykjavik

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En mémoire de David Dewaele et pour Sonia R. Oh, sleepy child, life goes running wild Darlin' life is everywhere, oh sleepy child Happy Rhodes, Life on Mars "En présence de la nature, une joie sauvage parcourt cet homme, en dépit des chagrins réel. La nature dit: "il est ma > Lire plus

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