« Je peux remplir toutes mes pages blanches avec les plus belles combinaisons de mots que puisse imaginer mon cerveau. Etant donné que je cherche à m’assurer que ma vie n’est pas absurde et que je ne suis pas seul sur la terre, je rassemble tous ces mots en un livre et je l’offre au monde. En retour, celui-ci me donne la richesse, la gloire et le silence. Mais que puis-je bien faire de cet argent et quel plaisir puis-je prendre à contribuer au progrès de la littérature – je ne désire que ce que je n’aurai pas : confirmation de ce que mes mots ont touché le cœur du monde. »

Il est stupéfiant de se trouver face à 20 pages, et seulement 20 pages, d’une implacable pertinence sans cesse renouvelée.

20 pages pliées dans ce petit format fragile, composées trop étroitement d’une police increvable, accentuant l’oppression d’un homme à bout de souffle, peinant à justifier sa place, son sens, effrayé par la mer, incapable de croire.

20 pages entraînées par la mort pour terminer sur une raison de vivre. Et étendre sa portée en dehors des bords du temps et d’un monde plus fort que soi.

Stig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, Actes Sud, 1981, p14.

Pour poursuivre la route ensemble...
Hermann Hesse, richesse intérieure et refus de commenter

[ Les siestes du Ranch : le déploiement des aides humanitaires intérieures. Nous sommes après le repas. Tout le monde dort. Tout le monde ? Non, au Ranch, la taulière veille et cherche sur son vieux talkie à capter les êtres encore debout, en émettant en boucle les extraits les > Lire plus

Le sanglier solitaire

Et dans l'obscur taillis des êtres et des choses / Je regardai rôder, noir, riant, l'oeil en feu, / Satan, ce braconnier de la forêt de Dieu. Victor Hugo, La Légende des siècles. "Sur l’expression employée par David : « et le sanglier solitaire a dévoré ma vigne ». Le Physiologue a parlé > Lire plus

Soulever les tombes – Edgar Lee Masters, Des voix sous les pierres

Ces traits tantôt fulgurants et mystiques, tantôt pragmatiques et cocasses, fiers et farouches, désespérés ou résignés, montent des pierres chaudes en une brume bruissant des ruminations de ces gentils fantômes stupéfaits de leur sort.

Andreï Kourkov, Les Abeilles grises

Les Abeilles grises est le dixième roman de l’ukrainien de langue russe Andreï Kourkov à avoir été traduit en France (avec aussi son Journal de Maidan, tous aux éditions Liana Levi. A partir du début de la guerre en Ukraine, il ne s'exprimera et n'écrira plus qu'en ukrainien). Un drôle > Lire plus

Les êtres responsables – Ernesto Sabato, Censure, liberté et droit à la divergence

« Je n’appartiens pas à ce genre de démagogues et d’hypocrites qui se déclarent opposés à toute forme de censure par principe », annonce-t-il d’entrée de jeu. « Le problème n’est pas là, poursuit-il plus loin. Le problème survient quand c’est l’Etat qui fait cela dans la vie publique au moyen de procédés > Lire plus

« Power is exerted vertically on people who clash horizontally » ~ Jérôme Sessini, Inner Disorder – Ukraine, 2014-2017

« Je n’ai rien fait qu’être là, ces trois dernières années. Je me suis mis à la place de l’autre, et j’ai refusé de choisir un camp. »

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