[Contient : Poèmes de jeunesse ou Juvenilia (1925-1933) et Dollarton, 1940-1954 : poèmes choisis, 1947. Préfacés et traduits par Jacques Darras.]

Morceaux choisis

« Ne jamais déchoir de fidélité à la lumière,
N’as-tu pas dit, Melville ? Mais pourquoi pas, Grand Dieux ?
Le linceul est finalement très confortable : autant pourrir ici
Qu’ailleurs ; une fois examinée bien en face
La beauté du noir tient en ce qu’on n’y voit nulle part la
Lumière dont tu parles ! » p 54 (Souvenirs de l’hospitalité des barmen américains)

*

« Haïr est aussi beau que le fléau du vent
Sur les cargos à l’aube, plus étrange aussi.
Le maître des décences fulmine contre la force,
Alors que nous détestons d’abord ce nous voudrions étreindre.
Cherche le conseil que, par avance, tu prétends éviter…
Ici c’est le pentamètre qui scandera notre haine
Aux oreilles de ceux dont les lèvres sobres et platoniques,
Plus stériles que trompettes cassées dans des boutiques d’occasion,
Confirment notre aise au milieu de la stridence du pire;
Ces lèvres ne furent jamais conçues pour la morsure de l’amour,
Qui à la soif irrémédiable n’offrent que leurs cendres;
Lèvres jamais requises au service de la vie ou de la mort;
Mieux vaut être préservé par les maudits
Mieux vaut être secouru par la puanteur de leur haleine. » p 70 (Le Diable était un gentleman)

*

« Tu as été dans les flammes de l’enfer ? y a passé toute la vie ?
Et tu penses cependant n’en avoir retiré aucun produit de la forge ?
Or je vois sortir du feu une arme toute moulée
Plus solide qu’aucune épée : ce couteau mortel
De la sagesse aiguë qui t’écorche l’âme, que ta
Lutte avec les flammes dans le puits n’a pas tout à fait réussi à lasser.
Prends ton âme, dénude-là jusqu’au noyau
Avec cet acier neuf comme d’autres brûlèrent jadis
Pour acquérir leur science la nôtre nos gains nos pertes…
Il existe une confrérie, disent les pèlerins,
Unissant tous les guerriers des combats désastreux, cependant
Très peu reconnaissent dans la nuit leur gardien le plus fidèle.
Cours à la taverne, bois jusqu’à la nausée,
Lis mes vers et après, prie ceux qui sont dans ton cas. » p 74 (Acteur comique)

*

« Terrible enfant, à l’impondérable destinée, quiconque ne renifle
Que pics et crêts tombera au fond de la matrice. » p 90 (Dieu seul sait comment)

*

« Sa cargaison de désastres s’en allait en
A peine installé dans un pousse-pousse, il montrait de la
Condescendance  pour le présent, se sentait avec jouissance
Supérieur à son ancien tortionnaire, soi-même… Ah ! changer de moi ! » p 96 (Vigil Forget)

Malcolm Lowry, Le phare appelle à lui la tempête et autres poèmes, traduit de l’anglais et préfacé par Jacques Darras, Editions Denoël, 2005 [Points, 2009], 180 pages.

Pour poursuivre la route ensemble...
Armel Guerne et les Romantiques

"C'est la gloire des Romantiques, juste devant la précipitation des temps modernes qu'aucune main humaine bientôt n'allait pouvoir retenir, d'avoir écouté ce sang-là en eux-mêmes, d'avoir voulu pour notre temps, à la façon universelle des poètes, joindre encore et réappartenir plus sensiblement que jamais à cette humanité profonde, toujours la > Lire plus

Avec les anarchistes de l’âme – John Cowper, Theodor et Llewelyn Powys, Les Parias

Donnez-nous, ô dieux, pleine liberté de passer avec indifférence notre chemin. Donnez-nous même l’illumination d’une haine sans borne. Mais délivrez-nous – au moins – de l’hypocrisie d’une condamnation légale !

Witold Gombrowicz, « Je ne suis pas à la hauteur de ce genre d’abîmes » – Lettres à ses disciples argentins

« Tout ce qui te reste à faire c’est de m’admirer, et limite-toi à ça sinon je t’égorge comme un lion féroce. Je t’autorise en revanche l’usage de l’ironie comme dans tes dernières lettres, parce qu’elle se développe sur un ton d’admiration – TU IRONISES À MON PROPOS PARCE QUE TU > Lire plus

Le sentiment océanique – Michel Hulin, La mystique sauvage

C’est peut-être cela que le futur Ramakrishna a éprouvé d’une manière aussi intense que confuse : le dévoilement magique, sous la banalité des apparences familières, d’un monde plus net, plus dense, aux couleurs plus saturées, plus éclatantes – bref, d’un monde plus réel.

Simon Leys, Prosper: les liens de la mer

Et chaque fois qu’un bateau se perd, l’un ou l’autre se souvient d’avoir navigué à son bord ; presque tous en connaissent l’équipage et y comptaient de vieux camarades. Et pourtant, fatalistes, ils repartent sans faire de phrases.

Mariette Navarro, Ultramarins

Un premier roman sorti de nulle part, ou plutôt de dix ans de gestation après une résidence d’écriture en pleine mer, voilà une surprise savoureuse. Depuis la découverte plutôt hideuse de la nouvelle édition de À Dos de Dieu, L’Ordure lyrique de Marcel Moreau chez Quidam, profané (il fallait le > Lire plus

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