« C’est la gloire des Romantiques, juste devant la précipitation des temps modernes qu’aucune main humaine bientôt n’allait pouvoir retenir, d’avoir écouté ce sang-là en eux-mêmes, d’avoir voulu pour notre temps, à la façon universelle des poètes, joindre encore et réappartenir plus sensiblement que jamais à cette humanité profonde, toujours la même au fond des âges. D’avoir eu faim et soif de toute grandeur.

Où sont donc nos poètes, qui sont-ils, à travers lesquels on regardera plus tard la couleur de ce temps-ci ? Qu’avons-nous fait nous-mêmes de notre siècle écrasant et quel nom porte-t-il ? Qui sommes-nous misérables ! avec nos machines, nos guerres insensées et les mâchoires du Progrès refermées sur nous – qui sommes-nous au milieu des âges de l’Homme ? L’esprit d’enfance est-il à jamais mort entre nos mains ?

Ou reste-t-il encore parmi nous des hommes, affreusement solitaires, qui se soient faits en solitude capables pour nous tous, d’entendre encore et toujours, depuis ici, et maintenant, la haute voix des frères humains, la millénaire, l’unique voix humaine qui se tient derrière les paroles et qui retentit, mystérieusement, chaque fois que l’homme touche à lui-même ? Tantôt ouverte sur la nuit pesante et se répercutant au fond des abîmes, et tantôt déchirée de surnaturelles lueurs, cette authentique voix de l’homme, qui réapparaît brusquement aux heures capitales, transperce et disperse ses langages. »

Armel Guerne, Hic et nunc, in L’Âme insurgée, Phébus (1977), Points 2011, page 54.

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Au fond du trou – Jean-Paul Dubois, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon

Précis, calme, résigné, un roman qui mène à ce qui nous consume tous plus ou moins à la fin d'une longue journée : un peu de justice sans loi, un peu de justice sans autorisation, la ferme attention au monde de ceux qui se planquent le temps qu'il faut pour > Lire plus

Le sentiment océanique – Michel Hulin, La mystique sauvage

C’est peut-être cela que le futur Ramakrishna a éprouvé d’une manière aussi intense que confuse : le dévoilement magique, sous la banalité des apparences familières, d’un monde plus net, plus dense, aux couleurs plus saturées, plus éclatantes – bref, d’un monde plus réel.

Ce qui reste, avec Fernand Robert

" Ce qui est excellent, et que les études classiques seules produisent, c’est l’habitude, acquise dès les plus jeunes années, et pour la vie entière, de penser, non seulement que tout est dit, mais que tout a déjà été senti, éprouvé, que rien ne se passe dans notre âme qui > Lire plus

« Power is exerted vertically on people who clash horizontally » ~ Jérôme Sessini, Inner Disorder – Ukraine, 2014-2017

« Je n’ai rien fait qu’être là, ces trois dernières années. Je me suis mis à la place de l’autre, et j’ai refusé de choisir un camp. »

Rien, mais plus large – Absolutely Nothing, de Giorgio Vasta et Ramak Fazel

Cathartique pour ceux qui ont trop, familier pour ceux qui s'évertuent à faire décroître leur désert sans augmenter leurs possessions, touffu, cérébral et fantasque, Absolutely Nothing, Histoires et disparitions dans les déserts américains, n’est pas le livre d’un observateur moraliste ou d’un naturaliste obsessionnel.

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