Dans son bel ouvrage Les Masques, M. Georges Buraud a été le premier à dégager le sens profond du besoin qui, en tous temps et en tous lieux, a porté l’homme à dérober son visage derrière une figure modelée à l’apparence d’un animal, à l’image d’un ancêtre ou conçue comme représentative d’un dieu. Il montre comment cet homme, nanti du pouvoir d’observer les émotions que son apparition déchaîne chez autrui sans rien livrer des siennes propres, s’identifie bel et bien avec l’être pour lequel il cherche à se faire passer, comment il participe et fait participer tout son groupe aux forces occultes qui mènent le monde. Au cours des échanges passionnels qui en résultent, « toutes les puissances avec lesquelles l’individu entre en rapport sont les forces de son inconscient dont il a peuplé le monde et qui, sous forme de fluides, de présences, de craintes, d’énergies, reviennent vers lui pour le contraindre ou l’exalter. Lui-même et toute sa tribu avec lui (faisceau colossal de forces instinctives) s’enveloppent, comme d’une chrysalide gigantesque, à l’intérieur de laquelle ils restent enfermés, de ce réseau immense d’influences bienfaisantes ou terribles et qui est en réalité sorti d’eux. Ce qui subsiste d’inexpliqué, de fatal, dans le monde, vient se mêler à cette enveloppe vibrante d’instincts que le primitif traîne partout après lui et l’agrandit encore en lui communiquant une profondeur inconnue ».

[…] Ainsi la puissance de l’art qui anime ces masques et le secret de la résonance profonde qu’ils trouvent en nous pourraient-ils tenir à ce que, dans le raccourci lyrique d’une séance d’initiation — du poisson à l’oiseau, de l’oiseau à l’homme — ils embrassent un des plus grands vertiges humains en réalisant le transformisme non plus seulement en pensée mais en action.

André Breton, in Œuvres, Pléiade, tome III, page 1029-1033.

Crédits: Kate Clark

Pour poursuivre la route ensemble...
Contre la désolation du présent – Dag Hammarskjöld, Jalons

Jalons est le secret d'un homme résolu, juste, rare. Ses traits fusent tour à tour ardents et dépouillés, alors qu'il se retire le soir d'un monde qu'il a investi le jour, afin de ne pas oublier d'en extraire, interroger et conserver l'essence.

Éric Hoffer, Le vrai croyant : pensées sur la nature des mouvements de masse

« Aux frustrés, un mouvement de masse offre, soit à leur personnalité tout entière, soit à certains de ses éléments, des vocations de rechange qui leur rendent la vie supportable et qu'ils ne peuvent pas tirer des ressources de leur propre fond. »

« Citer, c’est ruiner. » – Pascal Quignard, Les Heures heureuses

« Le mot rarus chez Spinoza est un mot opposé à la saturation. Rara laetitia : éparses les joies. Sed omnia praeclara tam difficilia quam rara sunt. Car tout ce qui est lumineux, tout ce qui est digne de lumière, est difficile autant qu’il est rare. »   Le 23 avril est une > Lire plus

La part non négociable | D. Foy, Absolutely Golden

"Jack vivait son danger. Il courait avec les bêtes de ce monde, les chiens les plus fous et les chevaux les plus sauvages, croyant, d'une certaine manière, que c'était bon pour lui alors qu'elles le tuaient à petit feu, comme on dit, ces bêtes qui étaient ses amies."

Déclin et salut de la littérature : Philitt revient, et redresse

« Laissons aux idéologues du déclinisme l’illusion d’un âge d’or révolu de la littérature – et osons être présents à notre monde. »

Ma musique sous ta botte | Julien Delmaire, Delta Blues

Delta Blues, commencé le cou sous la botte à rechercher son air se termine dans un tonnerre de cordes saturées, de bouffées humides de restes d’inondation et de tas de cendres des feux de croix de petites bites en cagoules de draps.

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