I’m a thinker not a talker.
I’ve no one to talk to anyway.
David Bowie, Conversation Piece.
« Qu’ils étaient issus de cette race, j’en fus certain tout de suite malgré mon peu d’expérience. Un voyageur pouvait aisément confondre les Jalluo, les Embu, les Wakamba, les Kikouyou, les Mérou, les Kipsigui et tant d’autres tribus noires qui peuplaient le Kenya. Mais s’il avait croisé, ne fût-ce qu’une fois, dans les grandes plaines raides et dans la brousse quelques Masaï, il ne pouvait plus les oublier ni les méconnaître.
Il y avait dans cette démarche princière, paresseuse et cependant ailée, cette façon superbe de porter la tête et la lance et le morceau d’étoffe qui, jeté sur une épaule, drapait et dénudait le corps à la fois. Il y avait cette beauté mystérieuse des hommes noirs venus du Nil en des temps et par des chemins inconnus. Il y avait dans les mouvements et les traits cette bravoure insensée, inspirée. Et surtout, cette liberté orgueilleuse, absolue, indicible d’un peuple qui n’envie rien ni personne parce que les solitudes hérissées de ronces, un bétail misérable et les armes primitives qu’il façonne dans le métal tiré du lit sec des rivières comblent tous les soins et qu’il est assez fier pour ne point laisser sur la terre des hommes ni maison ni tombeau. »
Joseph Kessel, Le Lion, Gallimard (Folio), 1958, page 81.
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Crédit : Jimmy Nelson, dont toute la série Masai, pure splendeur, se consulte ici >