I’m a thinker not a talker.

I’ve no one to talk to anyway.

David Bowie, Conversation Piece.

« Qu’ils étaient issus de cette race, j’en fus certain tout de suite malgré mon peu d’expérience. Un voyageur pouvait aisément confondre les Jalluo, les Embu, les Wakamba, les Kikouyou, les Mérou, les Kipsigui et tant d’autres tribus noires qui peuplaient le Kenya. Mais s’il avait croisé, ne fût-ce qu’une fois, dans les grandes plaines raides et dans la brousse quelques Masaï, il ne pouvait plus les oublier ni les méconnaître.

Il y avait dans cette démarche princière, paresseuse et cependant ailée, cette façon superbe de porter la tête et la lance et le morceau d’étoffe qui, jeté sur une épaule, drapait et dénudait le corps à la fois. Il y avait cette beauté mystérieuse des hommes noirs venus du Nil en des temps et par des chemins inconnus. Il y avait dans les mouvements et les traits cette bravoure insensée, inspirée. Et surtout, cette liberté orgueilleuse, absolue, indicible d’un peuple qui n’envie rien ni personne parce que les solitudes hérissées de ronces, un bétail misérable et les armes primitives qu’il façonne dans le métal tiré du lit sec des rivières comblent tous les soins et qu’il est assez fier pour ne point laisser sur la terre des hommes ni maison ni tombeau. »

Joseph Kessel, Le Lion, Gallimard (Folio), 1958, page 81.

Crédit : Jimmy Nelson, dont toute la série Masai, pure splendeur, se consulte ici >

 

Pour poursuivre la route ensemble...
Brice Erbland : De la hauteur

Crédit photo Qui n’appréhende rien présume trop de soi. Pierre Corneille, Polyeucte. À la mémoire des hommes tombés pour tous. J’ai terminé de lire Dans les griffes du Tigre, récits d’un officier pilote d’hélicoptère de combat, de Brice Erbland, la veille de l’annonce de l’entrée en guerre de la France aux côtés du > Lire plus

« Mais heureusement, nous ne sommes pas une race sympathique » – Aldous Huxley, Jaune de Crome

« En cet instant même, poursuivit-il, il se passe les horreurs les plus épouvantables dans tous les coins du monde. Il y a des gens qui se font écraser, taillader, désentripailler, mutiler; leurs cadavres pourrissent et leurs yeux se décomposent avec le reste. Des hurlements de douleur et de peur vibrent > Lire plus

Andreï Kourkov, Les Abeilles grises

Les Abeilles grises est le dixième roman de l’ukrainien de langue russe Andreï Kourkov à avoir été traduit en France (avec aussi son Journal de Maidan, tous aux éditions Liana Levi. A partir du début de la guerre en Ukraine, il ne s'exprimera et n'écrira plus qu'en ukrainien). Un drôle > Lire plus

Au fond du trou – Jean-Paul Dubois, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon

Précis, calme, résigné, un roman qui mène à ce qui nous consume tous plus ou moins à la fin d'une longue journée : un peu de justice sans loi, un peu de justice sans autorisation, la ferme attention au monde de ceux qui se planquent le temps qu'il faut pour > Lire plus

Personne n’est innocent, personne n’est à l’abri – Willem Frederik Hermans, La Maison préservée

C’est tout l’éclat de ce texte sans issue où tout le monde est coupable : il est inadmissible et insolent, cinglant et injuste, il est à lui tout seul toute guerre.

Mouvements d’ailes – Kenneth White, La Figure du dehors

I don't want to talk about the wings, I just want to fly. The Waterboys Roi de beauté haut la main dans les contrées qui abolissent les concours, il lui arrive de décrire ses ailes, mais le plus souvent, il se contentera de voler. Plutôt que de confortablement prendre position > Lire plus

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