Mus par un sang noir hautement concentré, les hommes des bois sacrifient toute concession aux exigences de la vie normale (confort, hygiène, sociabilité) sur l’autel d’une existence entièrement adonnée à la forêt. Comme ce fut le cas pour leurs prédécesseurs illustres ou restés dans l’ombre, la force de cet enfièvrement particulier fait d’eux d’irréductibles êtres de la marge.
Identifiés selon leur position relative à la fièvre, les chasseurs inscrivent leurs gestes, aussi étranges puissent-ils paraître (boire le sang, s’arroser de sperme, consommer des testicules, habiter dans une cabane rudimentaire, etc.), dans un champs culturel significatif. Aucun jugement d’ordre moral ne viendra sanctionner tel genre de vie ou telle manière de faire. Le village se borne à observer, à lire les signes et à commenter l’évolution des enfièvrements.

Bertrand Hell, Sang noir. Chasse, forêt et mythe de l’homme sauvage en Europe, L’Oeil d’or, page 50.

Pour poursuivre la route ensemble...
La guerre des ordinaires – Henry Lion Oldie, Invasion, journal d’Ukrainiens pacifiques

« Dis, général, de quel mal notre ère souffre-t-elle ? — Celui du siècle dernier. » Stupeur, consternation, impuissance, adaptation rapide à d’absurdes nouvelles conditions de subsistance, volontariat : voici le lot qui apparait désormais commun à chaque civil ordinaire confronté à une invasion ennemie. Pour les Henry Lion Oldie, > Lire plus

Mais ce serait peine perdue que d’en parler à d’autres | Herman Hesse

« J’appris à négliger les querelles du monde et à considérer quelle part me revenait de la confusion et de la culpabilité générales… Car on peut toujours redevenir innocent, si l’on reconnaît sa faute et sa souffrance et qu’on les supporte jusqu’au bout au lieu de mettre les autres en accusation… > Lire plus

Dans un monde d’Elpénore

Trop souvent, face à la mutation dangereuse de nos réactions de masse, j’ai été prise de ce malaise violent : où sont les adultes ? Je me trompais de mot. Où sont les pères ? est bien plus justifié. Lorsqu’une révolution sociale se résume à fumer des joints au pied de la statue > Lire plus

« Le secret, c’est de ne jamais accélérer » | Heptanes Fraxion, Ni chagrin d’amour ni combat de reptiles

Il y a quelques mois, bien entouré d'autres, j'ai lu ce poème Ni chagrin d'amour ni combat de reptiles. J'ai pensé me faire tatouer le titre sur le bras, comme une bravade mystérieuse vers des ennemis invisibles et des copains imaginaires. Mais son auteur, l'étrange et magnétique Toulousain de la > Lire plus

Rezvani et la somme des confusions croisées

Si nous étions en mesure de percevoir réellement les flèches de l'ultra-sensibilité féminine qui sans relâche nous frappent de tous les côtés à la fois, je crois que nous ne survivrions pas à une telle somme de confusions croisées.

Ma musique sous ta botte | Julien Delmaire, Delta Blues

Delta Blues, commencé le cou sous la botte à rechercher son air se termine dans un tonnerre de cordes saturées, de bouffées humides de restes d’inondation et de tas de cendres des feux de croix de petites bites en cagoules de draps.