« Le concept kierkegaardien de « l’infinité des possibles », d’une réalité offerte dans son entier  à la déchirure du désastre et de l’absurde, est maintenant un lieu commun. Nous en sommes revenus à une politique de torture et d’otages. La violence, institutionnelle et individuelle, lèche les murailles de la cité, creuse, érode, comme le fait l’eau brunâtre de Venise. Notre seuil d’entendement s’est affaissé. Quand les premières rumeurs des camps de la mort parvinrent clandestinement de Pologne, on refusa de les prendre au sérieux : il ne se passait rien de tel, en Europe, au milieu du vingtième siècle. Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer un acte de cruauté, un accès de répression ou de dévastation qui nous dépasse, qui ne trouve spontanément sa confirmation. Moralement et psychologiquement, il est effroyable de rester si impassible. Ce nouveau réalisme ne peut que se faire l’allié de ce que la réalité renferme de moins acceptable. »

« Nous privons de leur humanité ceux à qui nous refusons la parole. Nous les exposons, nus, grotesques. D’où le désespoir et l’amertume qui marquent le conflit actuel entre les générations. C’est délibérément qu’on s’attaque aux liens élémentaires d’identité et de cohésion sociale créés par une langue commune. »

George Steiner, Dans le château de Barbe-Bleue. Notes pour une redéfinition de la culture, Gallimard Folio, 1973, p81, 130.

Pour poursuivre la route ensemble...
Georges Bataille, dépenser pour soi

Once there was class war, but not any longer 'cause we are all bourgeois now. Ce qui me semble exemplaire dans le texte qui suit, tiré de La notion de dépense de Georges Bataille (La part maudite, éditions de Minuit, 1967, pages 37-38), c’est bien évidemment la lecture métaphorique que > Lire plus

Le passif résolu de Stig Dagerman

"Poème norvégien de Claes Gill : [Le personnage s’arrête] angoissé au bord du lit du fleuve Comme attendant la lumière d’un blanc ciel printanier Traversant en hâte l’obscurité de son œil Et il énonce ces mots : Je ne sais rien en dehors de ceci, Ceci seul : que la vie me vit > Lire plus

Les arts viscéraux de Marcel Moreau

« Mets-toi aussi souvent que possible en position de caresser. (…) Mais lorsque tu luttes, alors pique, larde, tire, déchire, pulvérise. Ne caresse que ta victoire. -         Détruis-donc, mais ne le fais que si tu as la certitude de pouvoir ériger je ne sais quelle tour vertigineuse issue de ta folie, > Lire plus

Le Plan hors de la ville | Aurélien Lemant, Traum : Philip K. Dick, le martyr onirique

Quelques chiffres dans la machine: J’ai mis 4 jours à lire ce livre, les trois quarts en une journée. Il m’a fallu une semaine pour me décider à écrire dessus. J’ai mis quatre heures, aujourd’hui, à écrire cette chronique. Il vous faudra entre 30 minutes et beaucoup plus pour la > Lire plus

Et surtout, cette liberté orgueilleuse, absolue, indicible | Joseph Kessel

I’m a thinker not a talker. I’ve no one to talk to anyway. David Bowie, Conversation Piece. « Qu’ils étaient issus de cette race, j’en fus certain tout de suite malgré mon peu d’expérience. Un voyageur pouvait aisément confondre les Jalluo, les Embu, les Wakamba, les Kikouyou, les Mérou, les Kipsigui > Lire plus

« La condition de l’amour, c’est le silence » – Charles de Foucauld, Déserts

Pour A.K. « Il faut lire les extraits de ce Dictionnaire touareg-français [de Charles de Foucauld] comme l’un des hymnes les plus lumineux à la beauté de la création, dans la transparence d’un regard qui n’est plus orienté par le désir mais par l’accueil. (…) L’auteur n’est pas déterminé seulement par > Lire plus