« Mais ils [les auteurs islandais] ont en plus, comme systématiquement, un don de poésie, un sens de l’ailleurs et de l’autrement, une conscience des forces occultes qui nous mènent à notre insu, qui transfigurent, littéralement, leur façon de dire. Ils savent l’aliénation de l’homme d’aujourd’hui, le manque de chaleur, la quête de bonheur à travers les diktats de l’existence planifiée et mécanisée, les jeux sournois de l’amour déshérité et de la haine aveugle – comme nous. Ils aiment la vie, la vie profuse, en attente, offerte à qui sait, à qui veut la voir : peut-être est-ce là la raison pour laquelle l’enfant ou le marginal tient une telle place dans leurs réflexions. Ils nous rappellent, implicitement le plus souvent, qu’il n’est pas plus possible aujourd’hui qu’il y a un millénaire, de vivre sans poésie véritable. »

Odin aprés avoir dérobé à Suttung l'hydromel poétique se transforme en aigle. Manuscrit Islandais du XVIII° siécle

Odin aprés avoir dérobé à Suttung l’hydromel
poétique se transforme en aigle.
Manuscrit Islandais du XVIII° siécle

Régis Boyer, Trésor de la nouvelle de la littérature scandinave, Belles Lettres, page 100, notice d’introduction aux nouvelles islandaises.

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Source de l’illustration d’ouverture : La Maison de la culture – Þjóðmenningarhúsið de Reykjavik

Pour poursuivre la route ensemble...
L’été invincible d’Albert Camus

Pour ma mère. J’ai toujours eu l’impression de vivre en haute mer, menacé, au cœur d’un bonheur royal. Albert Camus, La mer au plus près. « À midi sur les pentes à demi sableuses et couvertes d’héliotropes comme d’une écume qu’auraient laissée en se retirant les vagues furieuses des derniers jours, > Lire plus

Mergitur

Maintenant qu’elle sombrait, il ne disposait plus des ressources nécessaires pour envisager de lui tendre la main. Il assistait sans haine à ce dont il était intimement persuadé, à peine étonné d’avoir eu raison, n’en tirant aucune gloire. Paris, enfin, coulait.

Au fond du bain de griefs et de deuils – Paul Auster, Pays de sang

Bloodbath Nation, paru en 2021, est un livre illustré par les photographies de Spencer Ostrander qui ne montrera rien, traquant l’histoire familiale de Paul Auster dont on ne lui a rien dit, sur la piste de tueurs de masse qu’on ne nommera pas. Pays de sang aujourd’hui traduit en France > Lire plus

Kubrick - However vast the darkness
However vast the darkness, we must supply our own light | Journal

Je tourne beaucoup autour de la lumière, qui, lorsqu'elle revient, renouvelle perpétuellement la santé mentale. Une grande chance que nous n'en manquions pas, dans nos plaines beauceronnes. Il est temps de sortir délicatement de la pénombre complaisante des mois frais.

Avertissement aux aveugles – L’Obscurité du dehors, de Cormac McCarthy

« Vous avez pas peur toute seule ? Un peu. Des fois. Pas vous ? Oui m’dame. J’ai toujours eu peur. Même quand y avait personne d’assassiné nulle part. » Peut-on présenter le moindre roman de Cormac McCarthy sans utiliser « ténèbre », « noirceur », « violence » ou autre « désespoir » > Lire plus

Leon Tolstoi Le Diable Paméla Ramos Si tous moi non
Le sexe, tout le temps

À propos du Diable, de Léon Tolstoï | Le Diable veillait. Il se manifesta. Un frémissement, d’abord.