Et qui tolère le bruit est déjà un cadavre.
Guido Ceronetti, La patience du brûlé.

« Voici ce dont j’ai souvent été témoin empruntant l’une de ces vieilles lignes de train en sous-sol où c’est encore un conducteur humain aux commandes, et que dans la vitesse d’une longue courbe le wagon se remplit de plaintes et grincements métalliques suraigus atroces; avec étonnement: que parmi les autres voyageurs photographiés assis ou debout par l’éclairage, personne sur son visage n’exprime le moindre désagrément; comme s’ils n’entendaient pas. J’ai vérifié encore ce phénomène à la surface quand c’est un jeune individu s’exprimant au moyen de l’échappement de son cyclomoteur modifié à la fin spéciale d’horripiler les nerfs des habitants et des piétons, et qui passe et repasse en sollicitant inutilement la carburation de son engin: tous continuent de vaquer sans faire attention. Voilà déjà un problème: des bruits stridents leur vrillent tout à coup le système nerveux et jettent l’affolement dans leur métabolisme endocrinien (vaso-constriction au seuil de la douleur, mise sous tension par les gluco-corticoïdes et l’adrénaline du réflexe de fuite, etc.) et ils continuent de lire machinalement le journal ou de regarder dans le vide: Ils ne sentent rien. »

Baudouin de Bodinat, La vie sur Terre, Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes, page 133.

Pour poursuivre la route ensemble...
Voyage avec les déjà-morts – Tandis que j’agonise, de William Faulkner

Souvent, leur langue bute comme la bêche dans un terrain aride, elle se rend, ne termine pas ce qu'elle commence « comme un petit garçon, dans le noir, pour se donner du courage, qui s’effraye tout à coup de son propre bruit. » 

Sept auteurs capitaux contre le royaume des imbéciles, 2.

Première partie ici. « Animaux, ô chers aimés, ô cruels, ô mourants ; en train de se débattre, engloutis, digérés et assimilés, prédateurs et pourrissant dans leur sang ; en fuite, rassemblés, solitaires, entrevus, débusqués, traqués, rompus ; incréés, privés de Dieu, abandonnés, dans une vie trompeuse ainsi que des enfants trouvés ! » gémit Elias > Lire plus

« La vie n’est pas un problème à résoudre » – Georges Bernanos, La Révolte de l’esprit

On voit ainsi beaucoup de malheureux passer d’une opinion à une autre, et nous nous apercevons vite qu’ils n’ont fait que changer de fauteuil : la seule chose qu’ils ne savent pas faire, c’est de se tenir debout.

Se retrancher contre la plèbe – L’art du livre par André Suarès

"Comme une église s'offre à l'homme qui prie, le livre appelle une vie qu'anime la passion de connaître, qui cherche et qui médite. Un si bel objet, si pur et > Lire plus

Dans les antres de la sagesse : Peter Kingsley le paradisier

  À propos de: Peter Kingsley, Dans les antres de la sagesse, études parménidiennes, traduit par H.D. Saffrey, Paris, Les Belles Lettres, coll. Vérité des mythes, 2007, 207 pages.     Les cavales qui m’emportent, aussi loin que mon cœur le désire M’ont conduit, puisqu’elles m’ont mis et me mènent sur la > Lire plus

« Oublier les chiens de la peur » – John Cowper Powys, L’art d’oublier le déplaisir

« Pour les plus intelligents d’entre nous, c’est sans doute le devoir d’affronter la vérité déplaisante, et non pas celui de l’éviter, qui a engendré le plus grand nombre de désastre. » John Cowper Powys, écrivain-philosophe gallois, est mort il y a 60 ans, le 17 juin 1963. Soumis sa vie durant > Lire plus

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