Et qui tolère le bruit est déjà un cadavre.
Guido Ceronetti, La patience du brûlé.

« Voici ce dont j’ai souvent été témoin empruntant l’une de ces vieilles lignes de train en sous-sol où c’est encore un conducteur humain aux commandes, et que dans la vitesse d’une longue courbe le wagon se remplit de plaintes et grincements métalliques suraigus atroces; avec étonnement: que parmi les autres voyageurs photographiés assis ou debout par l’éclairage, personne sur son visage n’exprime le moindre désagrément; comme s’ils n’entendaient pas. J’ai vérifié encore ce phénomène à la surface quand c’est un jeune individu s’exprimant au moyen de l’échappement de son cyclomoteur modifié à la fin spéciale d’horripiler les nerfs des habitants et des piétons, et qui passe et repasse en sollicitant inutilement la carburation de son engin: tous continuent de vaquer sans faire attention. Voilà déjà un problème: des bruits stridents leur vrillent tout à coup le système nerveux et jettent l’affolement dans leur métabolisme endocrinien (vaso-constriction au seuil de la douleur, mise sous tension par les gluco-corticoïdes et l’adrénaline du réflexe de fuite, etc.) et ils continuent de lire machinalement le journal ou de regarder dans le vide: Ils ne sentent rien. »

Baudouin de Bodinat, La vie sur Terre, Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes, page 133.

Pour poursuivre la route ensemble...
Maria Zambrano, L’inspiration continue

Toute victoire humaine doit être une réconciliation, les retrouvailles d'une amitié perdue, une réaffirmation après un désastre où l'homme a été la victime; victoire dans laquelle il ne pourrait y avoir humiliation de l'adversaire, parce qu'elle ne serait alors pas victoire; c'est-à-dire une manifestation de la gloire pour l'homme. (...) > Lire plus

Putain de mort ! de Michael Herr : Paint it war

Don’t give a damn while I laugh at myself don’t give a damn to the words of a whore It’s seven years I hate you  Pink Turns Blue, Seven Years. « Les femmes aiment la guerre car elles n’y meurent jamais. » Un homme.   Il y manque les odeurs, la mort > Lire plus

Lettre à une jeune guerrière | La Résistance d’Ernesto Sabato

Il faut aimer son coin, Clarissa, même si tu le subis. Garder, comme préconise un personnage de Proust, un « grand morceau de ciel » constamment au-dessus de toi, que ton cœur dévasté y reflète l’état réel du monde, la présence constante du mal, la difficulté de faire le bien > Lire plus

Alors, je supportai de me côtoyer de près | Cadence, Stéphane Velut

« Cette chose que j’abritais n’avait rien d’étranger, ce n’était qu’une variante, qui me distinguait, un désordre que je finis par tolérer. Alors, je supportai de me côtoyer de près, ce que la plupart des hommes exècrent. » p13. « L’ensemble était un prodige de précision. J’ajouterai que Félice dut > Lire plus

Est-ce ainsi que les hommes meurent ?

Mais ce monde ne mérite aucun second degré. Pour faire tituber un ennemi, depuis l'entrée des grottes aux rêves perdus jusqu'aux charniers des rapports modernes, la résistance pérenne n'a jamais trouvé mieux que le premier degré sans aucune concession.

Les arts viscéraux de Marcel Moreau

« Mets-toi aussi souvent que possible en position de caresser. (…) Mais lorsque tu luttes, alors pique, larde, tire, déchire, pulvérise. Ne caresse que ta victoire. -         Détruis-donc, mais ne le fais que si tu as la certitude de pouvoir ériger je ne sais quelle tour vertigineuse issue de ta folie, > Lire plus