Et qui tolère le bruit est déjà un cadavre.
Guido Ceronetti, La patience du brûlé.

« Voici ce dont j’ai souvent été témoin empruntant l’une de ces vieilles lignes de train en sous-sol où c’est encore un conducteur humain aux commandes, et que dans la vitesse d’une longue courbe le wagon se remplit de plaintes et grincements métalliques suraigus atroces; avec étonnement: que parmi les autres voyageurs photographiés assis ou debout par l’éclairage, personne sur son visage n’exprime le moindre désagrément; comme s’ils n’entendaient pas. J’ai vérifié encore ce phénomène à la surface quand c’est un jeune individu s’exprimant au moyen de l’échappement de son cyclomoteur modifié à la fin spéciale d’horripiler les nerfs des habitants et des piétons, et qui passe et repasse en sollicitant inutilement la carburation de son engin: tous continuent de vaquer sans faire attention. Voilà déjà un problème: des bruits stridents leur vrillent tout à coup le système nerveux et jettent l’affolement dans leur métabolisme endocrinien (vaso-constriction au seuil de la douleur, mise sous tension par les gluco-corticoïdes et l’adrénaline du réflexe de fuite, etc.) et ils continuent de lire machinalement le journal ou de regarder dans le vide: Ils ne sentent rien. »

Baudouin de Bodinat, La vie sur Terre, Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes, page 133.

Pour poursuivre la route ensemble...
Se rendre sans se soumettre – D.H. Lawrence, Le Renard

Comme toujours sensuelle, magnétique et si finement perspicace, la prose de D.H. Lawrence étreint et caresse, pousse dans tous les retranchements avant de toucher précisément ce point où tout être même le plus récalcitrant s’ouvre et se rend dans un évanouissement charnel.

L’avenir écharné – Agustina Bazterrica, Cadavre exquis

… et son expression était si humaine qu’elle m’horrifia… Leopoldo Lugones La couverture du poche est d’une niaiserie sans explication à moins peut-être d’avoir voulu atténuer le choc, ce qui est parfaitement vain, en insinuant une sorte de chicklit facétieuse, ce qui est parfaitement faux, celle du grand format n’est > Lire plus

edward abbey feu sur la montagne
« Si je dois céder, je céderai comme un Apache. » Edward Abbey, Le Feu sur la montagne

Écrit dans les années 1960 par un fou du désert américain, écrivain-culte de la contre-culture et du nature writing, et fervent insolent incorruptible, ce roman traduit par Jacques Mailhos est ramassé comme un feu de bois improvisé, allumé au cœur d’une nuit froide mais magnifiquement étoilée.

En terrain glissant – Glose, de Juan José Saer

« Un sentiment nouveau se mêlait à son humiliation et à sa rage : le désespoir que nous éprouvons quand nous constatons que, pour intense que soit notre désir, les desseins du monde extérieur n'en tiennent aucun compte. » Glose (Glosa, 1986, traduit par la traductrice de renom Laure Bataillon en 1988 > Lire plus

De l’impossibilité d’être intellectuel et moral – Fernando Pessoa, L’Education du stoïcien

Le Baron de Teive, 20e du nom d’une illustre famille portugaise, va se donner la mort. Intellectuel et moral, il n’a rien pu laisser derrière lui, préférant brûler ses ébauches de manuscrits. Seul un ultime journal, courtes pages laissées en guise de témoignage testament, nous serait parvenu sous le nom > Lire plus

« Tout texte est un stock d’informations qui traversent le temps » – Gary Snyder

« Tout texte est un stock d’informations qui traversent le temps.  La statigraphie des roches, les couches de pollen dans un marécage, la croissance en cercles concentriques d’un tronc d’arbre peuvent tous être considérés comme des textes. La calligraphie des fleuves qui tantôt avancent, tantôt se retirent et laissent des couches > Lire plus

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