« Mets-toi aussi souvent que possible en position de caresser. (…) Mais lorsque tu luttes, alors pique, larde, tire, déchire, pulvérise. Ne caresse que ta victoire.

–         Détruis-donc, mais ne le fais que si tu as la certitude de pouvoir ériger je ne sais quelle tour vertigineuse issue de ta folie, quel habitable et libre castel sur les ruines mêmes de la chose que tu auras détruite.

–         Si tu l’as perdu, retrouve le sens du blasphème. Renouvelle-le. Détourne-le de son emploi habituel : contre Dieu, l’Eglise. Tout cela est bien dépassé, on ne profane pas des fantômes. Blasphème plutôt les nouveaux dieux, les nouvelles Eglises, tout ce qui agenouille l’homme devant l’idole.(…) Enfin, blasphème tes automatismes mentaux, tout ce qui fait obstacle à la trépidation hérétique de l’esprit mû par un inexorable mouvement de remise en question, par je ne sais quel amour de la liberté accordé au dépistage des escroqueries intellectuelles. (…)

–         Apprends à ne plus craindre la solitude. Cultive-la des l’instant où tu pressens qu’elle est le prix dont tu paies l’originalité de ta pensée, sa beauté de diamant, sa souplesse de fauve, sa puissance de perturbation. Demande-toi si tu n’as pas trop d’amis, c’est-à-dire trop d’adversaires du splendide soliloque. (…)

–         La pente n’est pas, comme le voudraient les sages, la chose qu’il faut toujours remonter. Suis-la si tu crois qu’elle n’est pas la facilité, si, à son terme, tu devines une possibilité de vertige, ou d’ivresse, quelques lieux où tu participeras d’un grouillement de fond de gouffre exhalant vers le haut l’haleine du sexe, du vin et de la mort. Epouse jusqu’à tes pentes les plus immorales, les plus dangereuses, mais sache, dans l’ultime déclivité, les redresser, les « boucler » d’actes grandioses. (…)

–         Considère comme le plus ridicule des mots historiques celui de Talleyrand qui a dit «  Tout ce qui est excessif est insignifiant. » L’excès donne la mesure réelle de l’être. La modération ne nous en donne que des demi-mesures. Le signifiant d’une vie est écrit dans ses débordements. »

Marcel Moreau, Les Arts viscéraux, 1975.

Pour poursuivre la route ensemble...
L’homme a toujours rêvé l’Homme et ne l’a jamais trouvé | Serge Rezvani

« Je me disais : Vous que j’ai aimés, je ne vous aime plus ! Car vous qui m’avez aimé, vous ne « nous » avez pas aimés d’avoir pu encore aimer ! Dommage ! De ne plus aimer ceux que l’on a aimés laisse comme un creux en vous à l’exacte place qu’on leur avait faite. > Lire plus

Avec les anarchistes de l’âme – John Cowper, Theodor et Llewelyn Powys, Les Parias

Donnez-nous, ô dieux, pleine liberté de passer avec indifférence notre chemin. Donnez-nous même l’illumination d’une haine sans borne. Mais délivrez-nous – au moins – de l’hypocrisie d’une condamnation légale !

Paris, par la petite porte – Sergio Aquindo, Bête à gravats

Un premier roman en récit généreux, au cœur du monde des travailleurs pauvres, immigrés ou non, qui garde dans son humanité imbibant chaque page le souvenir vif de cette entrée en la matière brute et sans pitié.

Le sang des bois : évolution des enfièvrements

Mus par un sang noir hautement concentré, les hommes des bois sacrifient toute concession aux exigences de la vie normale (confort, hygiène, sociabilité) sur l'autel d'une existence entièrement adonnée à la forêt. Comme ce fut le cas pour leurs prédécesseurs illustres ou restés dans l'ombre, la force de cet enfièvrement > Lire plus

Ce qui reste, avec Fernand Robert

" Ce qui est excellent, et que les études classiques seules produisent, c’est l’habitude, acquise dès les plus jeunes années, et pour la vie entière, de penser, non seulement que tout est dit, mais que tout a déjà été senti, éprouvé, que rien ne se passe dans notre âme qui > Lire plus

Voler sur l’Amérique – Paul Morand, Air indien

« L'air et l'eau, la terre et le feu, les quatre Éléments de l'antique science, se sont partagé les continents. L'Afrique est vouée au feu, l'Asie et l'Europe à la terre, l'Océanie à l'eau, mais l'Amérique a son principe dans l'air, le grand air, un air jeune, franc, sans ombre > Lire plus