« Il y a un secret plus grave. L’amour n’est pas que guerre prédative ni les baisers seulement carnivores. La nuit ne tend pas vers le jour.
La nuit est un monde.
Quelque chose qui appartenait au bonheur se perd dans l’étreinte. Il y a dans le plus complet amour, dans le bonheur lui-même, un désir que tout bascule subitement dans la mort. Ce qui vient déborder de violence dans la jouissance est surpassé par une tristesse qui n’est pas psychologique. Par une langueur qui effraie. Il y a des larmes absolues qui se mêlent. Dans la volupté, il y a quelque chose qui succombe.
C’est un attendrissement pour l’autre qui angoisse le cœur. C’est une sensation de l’instant qui ne nous est pas possible. C’est une jalousie d’on ne sait quoi dans le passé et qu’on ne saura pas faire revenir. La détumescence pleine de joie s’adjoignant la sensation de l’irrenouvelable confine au désir de pleurer. On conçoit que bien des bêtes meurent au moment où elles fraient ou s’accouplent. Quelque chose est fini.
Quand on aime le plus intensément, quelque chose est fini. »

Pascal Quignard, Le sexe et l’effroi, Gallimard (grand format splendidement illustré, ou folio)

Pour poursuivre la route ensemble...
Épuiser la guerre – Arnaud de La Grange, Le huitième soir

Vent noir, lieutenant de 26 ans, se porte volontaire pour l'Indochine, et la bataille de Dien Bien Phu. Pourquoi ? En huit soirs, dans son carnet, il assiste à sa propre création, et dans son atmosphère, nous y assistons avec lui. Voici quelques mots tentés, sur cette explosive expérience, pourtant > Lire plus

Désordre tranquille – Fernando Pessoa, Proses I & II

« Nous écrivons à dessein ces pages sur un ton, dans un style et sous une forme qui ne sont pas populaires, afin que l’opuscule choisisse de lui-même le public apte à le comprendre. Tout ce qui, en matière de questions sociales, est facile à comprendre est faux et stupide. Les > Lire plus

Don Jean Habrey, Combat vital ou le citadin initié – L’intelligence du corps

« Mon combat n’est pas moral, il est d’abord physique. Donc j’insiste sur ce mot « combat », car c’est de cela qu’il est question durant toute la vie, c’est un combat qu’il faut mener, mais un combat vital, littéralement « pour la vie ». Il faut que l’homme du XXIe siècle redevienne un homme > Lire plus

Livre des chevets – Eduardo Berti, Une présence idéale

« Les autres se trompent quand ils assurent qu’un bon soignant doit trouver la distance idéale face aux patients. Je lui dis que ce que nous devons trouver c’est la présence idéale. » Ils ne sont parfois qu’un paragraphe, tout au plus trois ou quatre pages, les dernières, dans nos > Lire plus

« Oublier les chiens de la peur » – John Cowper Powys, L’art d’oublier le déplaisir

« Pour les plus intelligents d’entre nous, c’est sans doute le devoir d’affronter la vérité déplaisante, et non pas celui de l’éviter, qui a engendré le plus grand nombre de désastre. » John Cowper Powys, écrivain-philosophe gallois, est mort il y a 60 ans, le 17 juin 1963. Soumis sa vie durant > Lire plus

Witold Gombrowicz, « Je ne suis pas à la hauteur de ce genre d’abîmes » – Lettres à ses disciples argentins

« Tout ce qui te reste à faire c’est de m’admirer, et limite-toi à ça sinon je t’égorge comme un lion féroce. Je t’autorise en revanche l’usage de l’ironie comme dans tes dernières lettres, parce qu’elle se développe sur un ton d’admiration – TU IRONISES À MON PROPOS PARCE QUE TU > Lire plus

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