Ce qu’il y a d’admirable avec l’imagination d’une magicienne poètesse comme Anne Montel, c’est qu’elle nous enivre deux fois : par le touché délicat de son dessin facétieux, d’une part, par le vertige de ses expressions nimbées d’un vocabulaire soigné, aux allusions aussi fines que plaisantes, d’autre part. Nos bambins ne seront pas pris pour des niais ni des épais, et qu’ils décrochent parfois du rêve pour nous regarder bouche bée lorsque nous égrainons les lettres de ces métiers aussi farfelus qu’immédiatement indispensables ajoute une marge de progression dans la touffeur du langage et de ses multiples entrées qui ravit la mère protectrice bien qu’exigeante que je deviens, que je le veuille, d’ailleurs, ou non. Un vrai bijou que je raconte avec gourmandise, la vraie gourmandise, à mes petits bisons : de cette gourmandise un peu vicieuse, lors du gueuleton familial, de garder toutes pour moi, secrètement jalouse, certaines savoureuses bouchées que je sais encore – mais pour si peu de temps – inaccessible à ma progéniture.
Un aperçu de mes pages favorites :
☛ Anne Montel, L’Abécédaire des métiers imaginaires, Little Urban, 2020. Album jeunesse 3 ans et +