Première partie ici.

« Animaux, ô chers aimés, ô cruels, ô mourants ; en train de se débattre, engloutis, digérés et assimilés, prédateurs et pourrissant dans leur sang ; en fuite, rassemblés, solitaires, entrevus, débusqués, traqués, rompus ; incréés, privés de Dieu, abandonnés, dans une vie trompeuse ainsi que des enfants trouvés ! » gémit Elias Canetti dans Le Territoire de l’homme.

Pourquoi s’intéresser aux bêtes, n’est-ce pas ? Pourquoi leur accorder le crédit d’une métaphore divine, d’une possession mystique ? Parce que derrière tous ces yeux s’appréhendent autant de mondes perçus qui constituent l’ensemble, que si rien d’humain ne saurait m’être étranger il faut pousser encore, rien de vivant, rien de surgi des entrailles liminaires ne saurait l’être non plus. Rien d’invisible, d’inénarrable, rien, rien, au grand rien ne saurait m’être étranger. Descartes nous aura prévenu qu’ils ne sont que machines, mais qu’en savait-il, lui qui rampait par terre vrillé à sa raison boursouflé dans sa suffisance ? Écoutez cette phrase d’un homme qui les aime trop : « Le crocodile, c’est du minéral qui s’anime » Alain Leygonie, p 41.

Dites-moi seulement si elle ne soulève pas un mince vent de mystère lié, si vous ne percevez pas instantanément la lecture qu’a du monde sous ses paupières statiques le mutique saurien. S’il n’a pas dans son immobile puissance, la posture terminale de celui qui sait tout. Et puis « L’homme d’abord ? Encore faudrait-il qu’il soit maître de sa haute destinée, encore faudrait-il, pour qu’il la conforte, qu’il s’élève encore, qu’il finisse d’asseoir sa domination, que la voie soit libre. » idem, p 103.

Et la voie n’est pas libre. Et puis c’est entendu, écrit, disséminé : on ne me fera plus aimer l’homme pour ce qu’il est. On me fera, souvent, aimer un homme ou une femme sortis des masses et que je saurai identifier, d’accord, peut-être. L’animal, lui, sait rester indifférencié et soudé à l’espèce, il sait former un tout rassurant et pérenne, je peux ainsi aimer les animaux comme un tout, comme je ne peux plus aimer les hommes qu’en marge de leur mêlée.

« Nous guérirons, pourvu que nous nous séparions de la masse. » Sénèque, I, 4.

Oui, tous les animaux, jusqu’aux mouches qui agonisent sur leur papier, qui touchaient même Robert Musil, capable comme peu d’hommes le sont tant ils craignent pour leur putride superbe, de s’émouvoir et de percevoir derrière un minuscule corps tout à fait dépourvu de cri, la souffrance, et la mort : « Ainsi gisent-elles, pareilles à des avions abattus, une aile en l’air. Ou à des chevaux crevés. Ou dans l’attitude du plus profond désespoir. Ou tels des dormeurs. » Le Papier tue-mouches, cité par Alain Leygonie, p 45.

Tous, et certainement l’araignée, seule compagne des prisonniers et des fous, qui découvrent stupéfaits la qualité de sa discrète visite. « À force de s’occuper d’elle, de l’observer, on s’aperçoit qu’elle possède une forme de beauté, on comprend que la beauté d’un être, c’est le fait d’être autant que possible ce pour quoi il a été fait, c’est la conjonction réussie des buts qui ont présidé à sa constitution. » idem, p82.

Et qu’ont-ils donc, ces hommes, qui leur tourne ainsi une tête qu’ils veulent jolie et vide ? « La raison, la conscience, la liberté, le langage articulé, le rire ou le culte des morts » répond Leygonie. Je pourrais jurer qu’un éléphant qui arrête sa procession douce lorsqu’il aperçoit des ossements de sa propre espèce sur le bas-côté, qu’il les remue et les recouvre, procède à un moment de silence qu’on jurerait recueilli, qu’il a reconnu à l’aide d’une intelligence qui nous échappe, l’insupportable ! l’importance de la sépulture, cette fameuse fonction qui fait assoir notre suprématie. Pour Alain Leygonie l’affaire est entendue depuis longtemps : sa seule fierté à ce jour n’est pas de connaître un peu le maniement de la plume et les chants des oiseaux, c’est d’avoir un beau jour été accepté par les bêtes comme un des leurs.

Le bruissement des bêtes confondu à celui des plantes ne suffit malheureusement pas à couvrir les affolants signes de l’effondrement de nos âmes : les éperviers mentaux d’Armand Robin, ces mille voix maléfiques sorties des transistors dans le brouhaha permanent, pathétique, de nos médias surpuissants.

« Au cours de mon tête-à-tête avec les radios mondiales, il m’advient de me percevoir en contact, comme par médiumnité, avec de redoutables êtres psychiques assiégeant la planète, obsédant l’humanité, cherchant des peuples entiers d’esprits à subjuguer, à dévorer, à sahariser. L’ensemble des propagandes lancées simultanément jour et nuit sur tous les pays, sans jamais une seule seconde d’interruption, m’apparaît en ces moments changés en une volée d’oiseaux de proie, impatients de fondre sur des millions de cerveaux. Au-delà des paroles, j’entends des cris de carnassiers mentaux en quête de pâture. » Armand Robin, p 39

Lui, polyglotte solitaire, s’y sera plongé entièrement défiant toutes les lois de la nature et surtout celle de la fatigue et de la panique, il aura ausculté des années durant sans pratiquement d’interruption la façon dont on nous parle, dont on nous oriente comme des insectes affolés pour aller nous perdre dans les limbes des écrans de fumée. Prométhée enchaîné volontaire au foie repoussant sans relâche, il les a attrapés, ces maudits faux oiseaux, qui feraient honte aux vrais.

« – L’outre-écoute de rien me fait entendre tout.

– Vous entendez ce que personne n’entend. » Armand Robin, p 83.

« Tant que nous errons à l’aventure, sans autre guide que les rumeurs et les cris discordants de nos compagnons qui nous appellent de tous côtés, la vie s’usera à des allées et venues qui en abrégeront la durée, même si jour et nuit nous travaillons à notre perfectionnement ». Sénèque, I, 2.

« Il me coupa : « Ce n’est plus de cette manière que le monde marche réellement. Nous sommes un empire maintenant, poursuivit-il, et, lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et, pendant que vous étudiez cette réalité, judicieusement comme vous le souhaitez, nous agissons à nouveau et nous créons d’autres réalités nouvelles, que vous pouvez étudier également, et c’est ainsi que les choses se passent. Nous sommes les acteurs de l’histoire. […] Et vous, vous tous, il ne vous reste qu’à étudier ce que nous faisons ». » Christian Salmon, p 172.

Mais il faut les avoir entendus, ces « compagnons » de misère, pour bien les reconnaître et trier dans leurs chants annihilant toute volonté, allégresse spontanée et cœur à l’ouvrage, la voix unique d’un juste dont la vérité est enfouie sous le monceau d’ordures. Il ne faut pas tant éteindre son poste ni (et surtout pas !) se borner à une unique source d’informations du dehors, du trop loin, mais au contraire s’armer de courage et en supporter le plus possible tout en s’astreignant à ne couper pas trop, à suivre un sujet de fond comme fil d’Arianne pour se diriger dans le noir assourdissant, ou écouter les contrepoints, et, bien plus difficile, à ne pas commenter dans la vive réaction d’une émotion trop facilement sollicitée, tenter de voir les pièges, les gueules d’acier béantes qui voudraient t’immobiliser dans une posture qu’une influence de plus en plus pénible à cibler t’aura soufflée avec une facilité tellement enfantine qu’elle en dit long sur nos temps de cerveaux disponibles.

« Est-ce que ce n’est pas justement ce qui est insupportable dans ce qu’on raconte habituellement, dans les romans, l’histoire, les rapports, les médias, que cette sélection qui nous est toujours imposée de temps forts, de choses qui comptent, de détails toujours significatifs, comme si notre vie entière n’était pas en réalité une succession complètement informe de séquences plus ou moins saillantes et de durées perdues, vécues tellement dans l’habitude ou dans un tel écart d’avec nos conduites du moment qu’on ne s’y arrête presque jamais. Alors moi, ce qui m’intéresse là-dedans, c’est justement d’essayer de raconter le mieux possible ce vrac du vécu, en essayant de ne pas trop trier, de faire le moins d’accrocs dans le tissu des jours, dans l’embrouillamini permanent des pensées qu’on trame en soi, et des interventions du dehors qui les perturbent, leur coïncident, les prolongent, les troublent, les justifient, les réorientent, les arrêtent, les noient, les relancent, les désolent, les divertissent, les accablent, les vivifient, les interdisent, les stupéfient, les inondent, les fatiguent, les contredisent, les tarabustent, les agacent, les ennuient, les ravissent, les font dérailler, les ignorent, mais qui de toute façon finissent bientôt par n’être plus dissociables de ce qu’on est. » Serge Rivron, p 63.

Fête du bruit. Vertige des opinions. Frappes aériennes de sollicitations. Flash info, flash info, flash info, analyse d’analyses à chaud, réaction-action-réaction et l’homme bave sous lui, saigne du nez et vomit. Tressaute comme un poisson presque mort tombé du seau sur la chaussée encombrée. Faites une pause, respirez, et retournez dans la mêlée retrouver votre fil, idéalement, lorsque l’état de saturation désagréable est maintenu puis dépassé, alors enfin crèvent ces mauvais nuages au-dessus de vous et vous y voyez, vous apercevez le vrai seul sourire complice, un pair, de l’autre côté des ondes, qui vous chuchote doucement de poursuivre. Que savez-vous de source sûre ? Alors continuez à creuser.

«  Rien ne nous plonge dans de plus grands maux que de nous régler sur la rumeur publique avec l’idée que le meilleur c’est ce qui est reçu par l’opinion générale, de prendre modèle sur le grand nombre, de vivre, non d’après la raison, mais par esprit d’imitation. De là cet amoncellement d’hommes qui s’effondrent les uns sur les autres. » Sénèque, I, 3.

La perception de l’ivresse pathologique se rapproche. Un siphon infernal lorsque tu fermes les yeux, qui ne peut connaître d’arrêt, qui s’emballe et te vrille jusqu’à ce que sans bouger tous les murs du son soient franchis, descente et remontée d’organes, lignes de flottaison amochées, * whoop, whoop, too low, terrain*, * whoop, whoop, too low, terrain*, hurle ta boîte noire mais le black-out dernier, la dernière gifle magistrale qui te tuera n’arrive pas pour te délivrer de cet enfer chimique. Et c’est interminable que tu te découvres encore, infatigable, inopérable. Une montagne, que je m’écrase ! Une falaise que mes pas se dérobent ! Shoot me down, dear ! La vague ! La vague devra m’emporter moi aussi. Je précise à toutes fins utiles que j’écris toujours sobre, mais finit enivrée de relire ces mots fous qui se précipitent pour sortir. Vous me préciserez en retour, à toutes fins utiles, que tout le monde s’en fout.

« Notre objectif est que chaque client devienne un ami pour la vie. Nous souhaitons vous donner entière satisfaction. Nous sommes vos dévoués et obséquieux cireurs de bottes. Nous sommes très doux et très humbles. Un froncement de vos sourcils et notre vie entière nous apparaît comme un échec. Comme disait l’autre. » Flann O’Brien, p 243.

D’accord ? Je continue.

Au cœur du problème, tout près du réacteur qui menace de ne jamais tiédir, il y a des soupapes, bien maîtrisées, entretenues, finement ciselées avec autant d’attention que le reste, elles permettent que l’accumulation de données ne saturent pas un mental flagellant, elles soulagent nos chevilles d’argile qui fissurent sous le poids de tout un monde de haine, de terreur, de mesquineries dégueulasses, de ces listes que je ne veux même plus dresser tant je les connais par cœur, lequel me pardonne parce que je n’oublie pas d’activer régulièrement les soupapes, donc : le rire.

« — Vous savez Godfrey, pas plus tard qu’hier j’ai appris un tas de choses intéressantes sur ma famille. Savez-vous que mon arrière-grand-père a été tué à Waterloo ?

— Vraiment, mon cœur, sur quel quai ?

La tête d’or signifie son mépris.

— Ne soyez pas ridicule, Godfrey, comme si le quai avait une importance. » Flann O’Brien, p 171.

Par exemple. Laissez-moi rappeler une évidence dont je m’enduirai jusqu’à ce qu’asphyxie cutanée s’ensuive : le rire sans esprit est une catastrophe dont chaque témoin porte une honte rentrée qui viendra s’accumuler au reste.

Il s’agira souvent de fustiger les imbéciles, nous y revoilà. La tâche est immense, immodeste, puisque paraît-il nous serons toujours bien l’imbécile du voisin. À voir. Et que ce voisin maîtrise suffisamment sa rhétorique pour que toute l’immensité de l’erreur que constituera ma vie sous ses mots acerbes et assassins ainsi déployée me saute au visage avec une férocité telle que seul un bref seppuku me sauvera du déshonneur. Mais surveillant de près mon voisin, je crois que pour l’heure je vais vivre.

« Pour supporter que la France tombe de la guerre dans le carnaval, il faut que nous soyons de rudes salauds ! » Georges Bernanos, p64.

Entendu, Georges, mais ce n’est pas très festif de ta part. Et puis tu verrais la tronche de nos guerres… tu préfèrerais à coup sûr nos somptueux bals masqués.

« Le vieux théâtre de la guerre, avec ses règles et ses contraintes spatio-temporelles, sa logistique, le génie « visuel » de ses stratèges et le courage physique de ses soldats, a cédé la place aux champs de bataille virtuels et aux système de « réalité augmentée ». Ceux-ci créent un nouvel environnement hybride, dans lequel l’enjeu principal du combat n’est plus un champ de bataille réel, mais un miroitement de signes : celui de la guerre virtuelle où s’affrontent moins des armes que des données, des systèmes de décodage d’informations et des scénarios dont le but ultime est moins l’annihilation de l’ennemi que sa construction mythique. » Christian Salmon, p 166.

On nous prend assurément pour des imbéciles, de fait. Le « traitement » des médias est un épouvantail qui, si l’on en croit quiconque, n’effraye plus personne. Pourtant nous courrons. Nos indignations scandées sous le métronome des faiseurs de scandales ont belle figure, ah oui. Chaque bonne et grande maison aura son « porte-parole », ou mieux sa plume de l’ombre, son storyteller qui devra nous narrer, comme à des enfants indolents et gras, ce qui se passe sous nos yeux mais qu’on devra voir par les leurs. Je peux vous assurer qu’en réunion, ils rigolent bien. La fiction, non-fiction s’interpénètre, on demandera conseils aux scénaristes d’Hollywood pour la prévention anti-terroriste, on créera une jurisprudence Jack Bauer (si ça marche dans la série, ça marche IRL), on écrira d’un conflit ce qu’il faudra qu’il signifie (la « guerre comme contre-narration »), forcer le réel, le démagnétiser, créer nos hologrammes n’est déjà plus tellement un problème et non, il n’en est pas un après tout : si nous cernons ces hologrammes. Un jour si j’y parviens, je poursuivrai cette tâche intense de micro-histoire simultanée, de tri hyper rapide en séquences alternées à la recherche obstinée des voix pures.

« Et l’homme ne veut toujours pas reconnaître que tous ses mots sont morts ; alors, on lui tue cent fois ces morts ; il ne veut toujours pas reconnaître que ces morts tués sont bien morts ; alors on les lui met de travers au bord de la bouche, cadavres absurdes, signes à l’envers, parodie ; et on lui dit : « Répète ! Répète ! Répète ! Tu n’es plus que répétition permanente de tous tes mots tués ! » Le caractère véritable de la guerre de ce siècle m’apparaît : guerre dans le cerveau, guerre contre le cerveau. » Armand Robin, p 42.

Les mots sont détournés, la paraphrase règne, le slogan devient argument. Tout le monde a beau me dire « Ah bon ?! ça alors, tu découvres quoi exactement ? », je ne cesse de découvrir en dévorant ces images malades, en écoutant ces commentaires incroyables, en lisant ces analyses grotesques, justement, ce à quoi il est improbable que je m’habitue un jour, cette farce à laquelle tout le monde consent et quand on nous pointera encore et toujours un gros doigt vers ce à quoi il est indispensable que nous pensions maintenant, je serai l’imbécile qui continuera à regarder le doigt.

« Le bon peuple de France : Mais enfin, Paméla, c’est totalement inégal.

Moi : Et ta vie, à toi, elle est égale ? Partage ! Tu veux peut-être que je te rembourse ta connexion ? » Paméla Ramos, p 10.

Imbéciles ! Si seulement je vous aimais moins je n’aurais aucune cure à tenter de nous tirer de là. Je suis tellement fatiguée. Ne me restera donc que le sabotage ?

*** Petite déviation, dernière avant la fin.***

« Fatigue d’outre la fatigue, toi par qui j’ai constamment vacances, — fatigue d’outre fatigue, toi par qui en toute situation donnée on est fait non-matière inconditionnable, toi par qui sur l’autre versant du perçu on vogue en objet allégé, fétu pris d’univers — fatigue d’outre la fatigue, toi par qui près de nous une surnature partout scintille, — fatigue d’outre la fatigue, ô toi, mon repos sans nom, ô toi qui me dors sans que je dorme, — ô toi mon amie, ma confidente, mon épouse, — merci ! et oh ! jamais, jamais ne me quitte ! »  Armand Robin, p 38

Bel état que cette ouate qui semble caresse, toute la peau en douleur mais en-dessous la vie, qui conçoit, envisage, incarne et reste en place. Théâtre fermé pour l’heure, le bourdonnement ami fait place au silence d’une nuit qu’aucun démon ne peuple. Et je me sens veiller sur vous, assurée follement que de le croire tellement tissera autour de vos lits une protection valide.

***I need more***

«  Je viens d’essayer de définir, avec le maximum d’exactitude possible en une telle matière, la véritable nature de ce que chaque homme sent obscurément se tramer autour de lui. » Armand Robin, p 56

« Voilà ce que vous ne comprenez pas et vous vous donnez un air qui ne convient pas à votre situation, comme ceux qui s’amusent au théâtre ou au cirque tandis qu’un deuil frappe leur maison et qu’ils ne sont pas encore avertis de ce malheur. Mais moi, regardant de haut, je vois quelles tempêtes ou vous menacent pour crever un peu plus sur vos têtes ou, prêtes à vous emporter vous et vos biens, sont déjà toutes proches. Que dis-je ? Maintenant même, bien que vous ne le sentiez guère, est-ce que le cyclone ne roule pas dans ses tourbillons vos âmes qui fuient et cherchent les mêmes objets et sont tantôt élevées dans les airs, tantôt broyées au fond des abîmes ? » Sénèque, XXVIII.

Le reste est perdu, indique l’éditeur à la suite de cette envolée qui ferme le recueil. Mais l’essentiel reste. Il devra percer les ténèbres qui s’annoncent, telles qu’elles s’annonçaient naguère, et furent défaites.

Que voulez-vous que je rajoute à cela ?

 

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