« Pas étonnant, si l’on s’en prend à ce cogitogramme plat, d’exprimer une pensée à la verticale d’un monde qui s’est couché. »
*
« Cette littérature d’ameublement, outre qu’elle dispose avec son personnel d’entretien et sa régie des émetteurs et des transmetteurs idoines, conforte un lectorat depuis longtemps décomplexé. Sous couvert d’échapper à une lecture qu’une Troisième République a rendue synonyme de devoir d’école, il est maintenant devenu de règle (…) de lire comme tout le monde ou pour se considérer, comme un onaniste se caresse. Il est surtout entré dans la norme de lire pour se divertir, voire se reposer… Il nous a toujours paru étrange que l’on puisse s’emparer de grands textes passés ou présents sans que toute sa vie, c’est-à-dire sa façon se sentir, de penser et d’aimer soit modifiée et ne trouve dans l’élan qu’ils impulsent la vitesse de l’envol. Réside dans ces lectures sans conséquence au mieux un contresens majeur sur la portée de la littérature, au pire le fruit d’une longue entreprise de dissuasion visant à remettre dans le rang ceux dont le désir primordial est d’en sortir. »
*
« On s’honore toujours de remercier qui nous dévoile l’autrement du monde. »
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Merci, donc, puisqu’après cette introduction à l’estomac, qui pourrait ne se payer que de mots et en rester là, l’auteur propose dix portraits littéraires fouillés d’écrivains lui ayant dévoilé cet « autrement », exercice d’empoissonnement scintillant de nos étangs accidentellement dévitalisés. Il n’est d’ailleurs nul besoin d’avoir lu ces écrivains pour le suivre. Le bonheur de voir revenir de la vie en nos mares, fût-elle encore de forme inconnue, suffit à lui seul.

Mathieu Terence, Présence d’esprit, Stock, 2010, 226 pages.

Pour poursuivre la route ensemble...
Mouvements d’ailes – Kenneth White, La Figure du dehors

I don't want to talk about the wings, I just want to fly. The Waterboys Roi de beauté haut la main dans les contrées qui abolissent les concours, il lui arrive de décrire ses ailes, mais le plus souvent, il se contentera de voler. Plutôt que de confortablement prendre position > Lire plus

Destinée en panne – François Ide, God Bless America

Ce pourrait être un livre de trop, de plus, voire de retard sur l’Amérique blanche à la « destinée manifeste » façon descente d’oxycodone, coïts d’obèses et maillots de bain Trump, une sorte d’énième trash novel où le narrateur éduqué et cynique cabotinerait sur le compte d’une classe sociale si facile à > Lire plus

Mes mots ont-ils touché le cœur du monde ? | Stig Dagerman

« Je peux remplir toutes mes pages blanches avec les plus belles combinaisons de mots que puisse imaginer mon cerveau. Etant donné que je cherche à m’assurer que ma vie n’est pas absurde et que je ne suis pas seul sur la terre, je rassemble tous ces mots en un livre > Lire plus

Portée profonde – Gary Snyder, La Pratique sauvage

« Sauvage [l’une des possibles définitions] : lieu difficile et dangereux, que l’on pénètre à ses risques et périls, où l’on dépend de ses propres capacités et où il n’est pas question d’attendre de l’aide. » Nous chercherons des réponses dans la profusion de ces pages-jungle constituées par quinze ans de conversations, conférences > Lire plus

Autorités intellectuelles – La fille parfaite, de Nathalie Azoulai

Lorsqu’Adèle la mathématicienne se suicide (pendue, comme un homme), Rachel, l’écrivain, résignée, soulagée autant que mortifiée, se met en devoir de témoigner, car après tout, la littérature, elle, reste.

Des bisons pour le coeur brisé

God may forgive me, but that's not enough 'Cause I gotta live with myself, 'till I'm dust Just walk on by, if we pass on the street Sometimes in battle, it's best to retreat Dan Auerbach, Heartbroken In Disrepair « Ce que je veux dire, c’est ceci : voyagez, étudiez ou prenez un > Lire plus

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