« (Les femmes) Ne sont-elles pas étranges ? Elles vous appellent au secours et l’instant d’après elles vous repoussent. Ou bien c’est le contraire: elles vous repoussent et l’instant d’après elles se précipitent convulsivement vers vous. Elles sont comme les chauves-souris, elles émettent en permanence des ultrasons qui leur reviennent plus ou moins modifiés par le paysage extérieur.  En frappant constamment tout ce qui les environne avec des sons qu’elles sont les seules à pouvoir « lire », elles nous utilisent comme si nous n’étions que de la matière à réflexion. Soit des creux, soit des bosses faits pour leur renvoyer l’écho de leur ultra-sensibilité féminine. Sans ça, nous ne connaîtrions plus de paix. Si nous étions en mesure de percevoir réellement les flèches de l’ultra-sensibilité féminine qui sans relâche nous frappent de tous les côtés à la fois, je crois que nous ne survivrions pas à une telle somme de confusions croisées. Seuls les appels au secours lancés par nos femmes nous parviennent. Hormis les appels au secours nous n’entendons rien. Des bruits fantômes, perdus pour nous, nous dessinent en creux, nous frappent et s’en retournent vers celles qui les émettent. Bruit infernal pour elles, que ce bruit inaudible pour nous. Il occupe l’espace, l’espace autour de nous en est entrecroisé comme une forêt. Et nous n’entendons rien ! Voyez toutes ces femmes couchées sur les tables et sur les bancs dans ces poses d’une indécence insoutenable. Si vous pensez que chacune de ces femmes en voyage ne cesse d’émettre des cris muets pour nous autres hommes, des cris de détresse, j’en suis sûr, qui continuellement rebondissent et toujours leur reviennent, avouons qu’on se trouve accablé à l’idée de l’immense souffrance que représente cette lecture ininterrompue pour des nerfs fragiles comme le sont les nerfs de nos femmes. »

Serge Rezvani, La Traversée des Monts Noirs, Belles Lettres, 2011, pages 99-100.

Pour poursuivre la route ensemble...
Le sentiment océanique – Michel Hulin, La mystique sauvage

C’est peut-être cela que le futur Ramakrishna a éprouvé d’une manière aussi intense que confuse : le dévoilement magique, sous la banalité des apparences familières, d’un monde plus net, plus dense, aux couleurs plus saturées, plus éclatantes – bref, d’un monde plus réel.

Le cœur immense de Sebastian Barry | Des Jours sans fin

Terriblement original, ce récit enfiévré, aux dimensions géographiques et humaines vertigineuses, ne s’attarde jamais sur les évidences, ne ressasse aucun cliché, n’impose aucune morale.

Pascal Quignard : Si tous, lui non

« Montrer son dos à la société, s’interrompre de croire, se détourner de tout ce qui est regard, préférer lire à surveiller, protéger ceux qui ont disparu des survivants qui les dénigrent, secourir ce qui n’est pas visible, voilà les vertus. Les rares qui ont l’unique courage de fuir surgissent au > Lire plus

Arthur Cravan, précipité par Lacarelle

« Quelqu’un obstinément cherche à sortir de moi » Arthur Cravan. Les noyés sont des prophètes qui parlent la langue des signes dans des gestes si lents qu’ils balaient notre mémoire. Bertrand Lacarelle. « La mort dans les flots est-elle le dernier mot des forts ? » Robert Desnos.   Nous avons tous les trois > Lire plus

Dans les antres de la sagesse : Peter Kingsley le paradisier

  À propos de: Peter Kingsley, Dans les antres de la sagesse, études parménidiennes, traduit par H.D. Saffrey, Paris, Les Belles Lettres, coll. Vérité des mythes, 2007, 207 pages.     Les cavales qui m’emportent, aussi loin que mon cœur le désire M’ont conduit, puisqu’elles m’ont mis et me mènent sur la > Lire plus

Qui suis-je pour vous parler ?

Je suis pratiquement certaine de mon échec à me taire. La seule promesse que je me suis jamais faite est d’être ici pour rester.