« (Les femmes) Ne sont-elles pas étranges ? Elles vous appellent au secours et l’instant d’après elles vous repoussent. Ou bien c’est le contraire: elles vous repoussent et l’instant d’après elles se précipitent convulsivement vers vous. Elles sont comme les chauves-souris, elles émettent en permanence des ultrasons qui leur reviennent plus ou moins modifiés par le paysage extérieur.  En frappant constamment tout ce qui les environne avec des sons qu’elles sont les seules à pouvoir « lire », elles nous utilisent comme si nous n’étions que de la matière à réflexion. Soit des creux, soit des bosses faits pour leur renvoyer l’écho de leur ultra-sensibilité féminine. Sans ça, nous ne connaîtrions plus de paix. Si nous étions en mesure de percevoir réellement les flèches de l’ultra-sensibilité féminine qui sans relâche nous frappent de tous les côtés à la fois, je crois que nous ne survivrions pas à une telle somme de confusions croisées. Seuls les appels au secours lancés par nos femmes nous parviennent. Hormis les appels au secours nous n’entendons rien. Des bruits fantômes, perdus pour nous, nous dessinent en creux, nous frappent et s’en retournent vers celles qui les émettent. Bruit infernal pour elles, que ce bruit inaudible pour nous. Il occupe l’espace, l’espace autour de nous en est entrecroisé comme une forêt. Et nous n’entendons rien ! Voyez toutes ces femmes couchées sur les tables et sur les bancs dans ces poses d’une indécence insoutenable. Si vous pensez que chacune de ces femmes en voyage ne cesse d’émettre des cris muets pour nous autres hommes, des cris de détresse, j’en suis sûr, qui continuellement rebondissent et toujours leur reviennent, avouons qu’on se trouve accablé à l’idée de l’immense souffrance que représente cette lecture ininterrompue pour des nerfs fragiles comme le sont les nerfs de nos femmes. »

Serge Rezvani, La Traversée des Monts Noirs, Belles Lettres, 2011, pages 99-100.

Pour poursuivre la route ensemble...
Arthur Cravan, précipité par Lacarelle

« Quelqu’un obstinément cherche à sortir de moi » Arthur Cravan. Les noyés sont des prophètes qui parlent la langue des signes dans des gestes si lents qu’ils balaient notre mémoire. Bertrand Lacarelle. « La mort dans les flots est-elle le dernier mot des forts ? » Robert Desnos.   Nous avons tous les trois > Lire plus

Le cœur immense de Sebastian Barry | Des Jours sans fin

Terriblement original, ce récit enfiévré, aux dimensions géographiques et humaines vertigineuses, ne s’attarde jamais sur les évidences, ne ressasse aucun cliché, n’impose aucune morale.

Dantec et Attar, les oiseaux de guerre 1/2

« Si la seule solution est la mort, nous ne sommes pas sur la bonne voie. » Albert Camus, Les Justes. « You might have succedeed in changing me. I might have been turned around. It’s easier to leave than to be left behind, leaving was never my proud. » REM, Leaving New York. « À > Lire plus

Paris, par la petite porte – Sergio Aquindo, Bête à gravats

Un premier roman en récit généreux, au cœur du monde des travailleurs pauvres, immigrés ou non, qui garde dans son humanité imbibant chaque page le souvenir vif de cette entrée en la matière brute et sans pitié.

Un Dieu avec lequel être seul 

Transformez-vous, je vous en conjure !  Origène.   « Même si le christianisme ouvrait ses portes aux femmes, aux esclaves et aux marginaux, il ne s’agissait pas d’un mouvement des déshérités, mais d’une avant-garde culturelle qui recueillait un soutien populaire. C’est justement ce qui le rendait si dangereux aux yeux des gardiens > Lire plus

En terrain glissant – Glose, de Juan José Saer

« Un sentiment nouveau se mêlait à son humiliation et à sa rage : le désespoir que nous éprouvons quand nous constatons que, pour intense que soit notre désir, les desseins du monde extérieur n'en tiennent aucun compte. » Glose (Glosa, 1986, traduit par la traductrice de renom Laure Bataillon en 1988 > Lire plus

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