Mus par un sang noir hautement concentré, les hommes des bois sacrifient toute concession aux exigences de la vie normale (confort, hygiène, sociabilité) sur l’autel d’une existence entièrement adonnée à la forêt. Comme ce fut le cas pour leurs prédécesseurs illustres ou restés dans l’ombre, la force de cet enfièvrement particulier fait d’eux d’irréductibles êtres de la marge.
Identifiés selon leur position relative à la fièvre, les chasseurs inscrivent leurs gestes, aussi étranges puissent-ils paraître (boire le sang, s’arroser de sperme, consommer des testicules, habiter dans une cabane rudimentaire, etc.), dans un champs culturel significatif. Aucun jugement d’ordre moral ne viendra sanctionner tel genre de vie ou telle manière de faire. Le village se borne à observer, à lire les signes et à commenter l’évolution des enfièvrements.

Bertrand Hell, Sang noir. Chasse, forêt et mythe de l’homme sauvage en Europe, L’Oeil d’or, page 50.

Pour poursuivre la route ensemble...
Au fond du trou – Jean-Paul Dubois, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon

Précis, calme, résigné, un roman qui mène à ce qui nous consume tous plus ou moins à la fin d'une longue journée : un peu de justice sans loi, un peu de justice sans autorisation, la ferme attention au monde de ceux qui se planquent le temps qu'il faut pour > Lire plus

Le voyage qui n’en finit jamais – Ultramarine, de Malcolm Lowry

Dans ce huis-clos, les petites aventures se content en de larges tournants, les anecdotes mythomanes se confondent au vécu, alors qu’Hilliot, pris en grippe par une grande partie de l’équipage, le grand et fier Andy en tête, au menton perdu pendant la guerre, tente moins de s’en faire accepter que > Lire plus

« La condition de l’amour, c’est le silence » – Charles de Foucauld, Déserts

Pour A.K. « Il faut lire les extraits de ce Dictionnaire touareg-français [de Charles de Foucauld] comme l’un des hymnes les plus lumineux à la beauté de la création, dans la transparence d’un regard qui n’est plus orienté par le désir mais par l’accueil. (…) L’auteur n’est pas déterminé seulement par > Lire plus

Un lecteur sauvage n’a pas d’identité – Comment devenir vivant, de Giuseppe Montesano

L’un de ces manuels qui nous font retrouver, tous les jours, le feu sacré, et renouveler perpétuellement nos vœux avec le sensible, le vital, et l’éprouvé, en opposition aux sinistres injonctions au sarcasme, au cynisme et à la désillusion.

Kertesz journal de Galere
Inflagration | Journal de galère, d’Imre Kertész

Je ne crois pas le journal de Kertész très bien nommé. Il n’exhale pas tant de « galère » que de grand chagrin blanc, refoulé au plus loin, caressant la mort des yeux sans jamais la trouver. Il traduit une tourmente consommée, une tornade de malheur bien plus maîtrisée que celle d’un > Lire plus

Dans les antres de la sagesse : Peter Kingsley le paradisier

  À propos de: Peter Kingsley, Dans les antres de la sagesse, études parménidiennes, traduit par H.D. Saffrey, Paris, Les Belles Lettres, coll. Vérité des mythes, 2007, 207 pages.     Les cavales qui m’emportent, aussi loin que mon cœur le désire M’ont conduit, puisqu’elles m’ont mis et me mènent sur la > Lire plus

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