La poésie, c’est une manière d’être attrapé par le sens, et de s’y tenir, parce qu’on ne peut plus faire autrement. Se tenir dans la façon dont on a été saisi, c’est déployer la description de ce saisissement : sans doute ce qu’on appelait, autrefois, un chant.
Jean-Christophe Bailly, Ailleurs, dans les bribes. Sur Lokenath Bhattacharya

 

« Nous nous sommes si souvent plaints de l’insuffisance du langage, de l’imperfection des mots, parlés ou écrits, que nous avons tendance à oublier ce que nous aurions fait si un jour, tout à coup, ils avaient complètement disparu. La parole a été pour l’homme le cadeau le plus précieux : c’est la seule espèce qui en dispose. En règle générale, ce genre de plaintes provient uniquement, ou presque, des écrivains, « enfants gâtés » du langage, de la parole, des mots, comme on voudra. Je dis « enfants » car nous tous, écrivains ou non – hommes, tout simplement – sommes littéralement issus de la parole, notre mère suprême à tous. »

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« Pourquoi la chambre, pourquoi y retourner ? Tout d’abord, pour la simple raison que, pour écrire, on a besoin d’une chambre. On ne peut pas écrire en marchant sur le chemin, en compagnie des autres. C’est ainsi, tout du moins, que cela se passe pour la plupart des écrivains : je ne suis pas une exception. (…)
La chambre, d’un point de vue superficiel, peut n’être qu’une chambre comme une autre, se trouver n’importe où : chambre où pénètre l’écrivain, où il essaie de rassembler ses pensées, de trouver l’expression. Mais cela n’empêche que, plus profondément, la chambre qu’il a en vue n’est autre que l’espace intérieur de son propre cœur, ce lieu magique où il lui faut entrer à tout prix. J’hésite cependant à utiliser à ce propos un mot comme sanctum sanctorum en raison de sa connotation religieuse. Mais consciemment ou non, l’expérience à laquelle aspire l’écrivain, qu’il parviendra peut-être à goûter si les circonstances sont favorables, est, au sens le plus large, de nature profondément religieuse. »

Extraits de : Lokenath Bhattacharya, Où vont les fleuves, traduit du bengali par l’auteur avec Luc Grand-Didier et Gérard Macé, Le bois d’Orion, 1998.

Pour poursuivre la route ensemble...
Xénophon, Mémorables – Se gouverner soi-même avant de prétendre gouverner les autres

À mon avis, par Héra, un homme libre doit souhaiter de ne pas tomber sur un tel esclave ; inversement, celui qui est esclave de ce genre de plaisirs doit supplier les dieux de tomber sur de bons maîtres, car c’est seulement ainsi qu’il pourra être sauvé.

Charles ! Voyons… – À peine à propos de Mon coeur mis à nu, de Charles Baudelaire

« Charles, je vais te traquer, je vais te retrouver, et je vais te faire du mal. » Fut ma première (ré)impression à la relecture de Mon cœur mis à nu. Dénichant ce petit > Lire plus

Un jugement un peu formé – Mathieu Terence, Présence d’esprit

« Pas étonnant, si l’on s’en prend à ce cogitogramme plat, d’exprimer une pensée à la verticale d’un monde qui s’est couché. » * « Cette littérature d’ameublement, outre qu’elle dispose avec son personnel d’entretien et sa régie des émetteurs et des transmetteurs idoines, conforte un lectorat depuis longtemps décomplexé. > Lire plus

Soi, sans crainte

Ce à quoi nous ne serons plus soumis, le temps d’un livre.

Le consentement à la vie | sur L’abattoir de verre de J.M. Coetzee

« Je ne suis pas intéressée par les problèmes, John – ni par les problèmes ni par la solution aux problèmes. J’abhorre cet état d’esprit qui voit la vie comme une succession de problèmes soumis à l’intellect en vue de leur solution. Un chat, ce n’est pas un problème. La chatte > Lire plus

Un lecteur sauvage n’a pas d’identité – Comment devenir vivant, de Giuseppe Montesano

L’un de ces manuels qui nous font retrouver, tous les jours, le feu sacré, et renouveler perpétuellement nos vœux avec le sensible, le vital, et l’éprouvé, en opposition aux sinistres injonctions au sarcasme, au cynisme et à la désillusion.

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