« Pas étonnant, si l’on s’en prend à ce cogitogramme plat, d’exprimer une pensée à la verticale d’un monde qui s’est couché. »
*
« Cette littérature d’ameublement, outre qu’elle dispose avec son personnel d’entretien et sa régie des émetteurs et des transmetteurs idoines, conforte un lectorat depuis longtemps décomplexé. Sous couvert d’échapper à une lecture qu’une Troisième République a rendue synonyme de devoir d’école, il est maintenant devenu de règle (…) de lire comme tout le monde ou pour se considérer, comme un onaniste se caresse. Il est surtout entré dans la norme de lire pour se divertir, voire se reposer… Il nous a toujours paru étrange que l’on puisse s’emparer de grands textes passés ou présents sans que toute sa vie, c’est-à-dire sa façon se sentir, de penser et d’aimer soit modifiée et ne trouve dans l’élan qu’ils impulsent la vitesse de l’envol. Réside dans ces lectures sans conséquence au mieux un contresens majeur sur la portée de la littérature, au pire le fruit d’une longue entreprise de dissuasion visant à remettre dans le rang ceux dont le désir primordial est d’en sortir. »
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« On s’honore toujours de remercier qui nous dévoile l’autrement du monde. »
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Merci, donc, puisqu’après cette introduction à l’estomac, qui pourrait ne se payer que de mots et en rester là, l’auteur propose dix portraits littéraires fouillés d’écrivains lui ayant dévoilé cet « autrement », exercice d’empoissonnement scintillant de nos étangs accidentellement dévitalisés. Il n’est d’ailleurs nul besoin d’avoir lu ces écrivains pour le suivre. Le bonheur de voir revenir de la vie en nos mares, fût-elle encore de forme inconnue, suffit à lui seul.

Mathieu Terence, Présence d’esprit, Stock, 2010, 226 pages.

Pour poursuivre la route ensemble...
Vivre au-dessus de soi – Arnaud de La Grange, La Promesse du large

« À l’heure du soleil ras, le lieu devient féérique. J’aime les contre-jours, quand les sujets s’effacent dans le feu de la lumière. Les corps deviennent silhouettes et gracieux contours, les chevelures se perdent dans un halo doré. Les ombres nous regardent sans que nous distinguions leurs yeux. La vie gagne > Lire plus

La civilisation des débris – Gilbert Romeyer Dherbey, Les Choses mêmes

« Lorsque nous creusons le sol pour trouver les reliques des civilisations passées, nous découvrons des œuvres d’art et des objets artisanaux qui sont presque des œuvres d’art. Si un jour la postérité faisait des fouilles pour découvrir les restes de la nôtre, elle trouvera essentiellement des détritus. Pour une large > Lire plus

L’innocence cabrée – J.M. Coetzee, Michael K, sa vie, son temps

Le souffle court d’avoir marché derrière un homme-prodige le long d’une si rude avenue, il faut maintenant réaliser la vie en ses ruades sèches et sans pourquoi que vient de parvenir, une nouvelle fois, à célébrer J.M. Coetzee.

Nous n’avons pas le choix – Nuccio Ordine, George Steiner, L’Hôte importun

J'aime beaucoup Nuccio Ordine, son éternelle ferveur, sa gentillesse, ses passions. J'ai lu avec plaisir son petit essai hommage à Steiner, où comme toujours, il excelle dans l'art de la citation parfaite choisie parmi les milliers de feuillets à sa disposition. Il tisse sa voix à celle des autres avec > Lire plus

Personne n’est innocent, personne n’est à l’abri – Willem Frederik Hermans, La Maison préservée

C’est tout l’éclat de ce texte sans issue où tout le monde est coupable : il est inadmissible et insolent, cinglant et injuste, il est à lui tout seul toute guerre.

Les énergies démoniaques – Kenneth White, Gary Snyder, biographie poétique

Merveille de bréviaire composé à 70% de citations de Snyder (traductions souvent inédites de White), je tourne et retourne sans cesse à ce petit livre qui m'a fait commander, de Gary Snyder, Myths&Texts (traduits par Poème pour les oiseaux au Castor Astral ) et Earth, House, Hold, en anglais. « Les > Lire plus

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