« – Ce jour où nous étions aurait dû être un jour splendide d’été. Mais les tourbillons de fumée de ce monde en feu continuaient à voiler le ciel d’un épais rideau, où le soleil sinistre n’était plus qu’un disque mort et rouge, sanguinolent. De ce soleil de sang nous avions pris, depuis plusieurs jours, l’accoutumance. Mais la fumée nous mordait les narines et les yeux, que nous avions entièrement pourpres et qui pleuraient.
Nous dirigeâmes notre marche vers le sud-est, à travers les milles sans fin des collines basses et verdoyantes de la banlieue de la ville, où se succédaient sans interruption de charmantes ou superbes résidences.
Nous n’avancions que péniblement, les femmes surtout et les enfants traînaient la patte. Alors, voyez-vous, mes chers petits enfants, nous avions tous, tant que nous étions, désappris plus ou moins à marcher. Nous avions trop de véhicules à notre disposition. Depuis la Peste, j’ai réappris à marcher. Mais alors j’étais comme les autres. »
Jack London, La Peste écarlate (1924), trad. Paul Gruyer et Louis Postif, Actes Sud, coll. Babel, 1992, page 71.
—
Crédit : détail de la couverture de l’ebook des éditions du 38.
Son petit livre ci-présent, une fois apprivoisé dans une paume assouplie, se révèle nourrissant, et surtout, et c'est tout de même bien ce qu'on peut décemment lui demander aussi, fourmille d'un divertissement boutant tout anodin hors de ses sphères. Il n'y a rien d'anodin, rien de superflu dans les anecdotes > Lire plus
« Montrer son dos à la société, s’interrompre de croire, se détourner de tout ce qui est regard, préférer lire à surveiller, protéger ceux qui ont disparu des survivants qui les dénigrent, secourir ce qui n’est pas visible, voilà les vertus. Les rares qui ont l’unique courage de fuir surgissent au > Lire plus
"Alors, quand me pardonneras-tu d'être un homme ?" Serge Rezvani, Vers les confins. Lettre de Norman Mailer à sa femme Béatrice pendant la guerre du Pacifique durant laquelle il a écrit "Les Nus et les Morts" Capture du film Norman Mailer, Histoires d'Amérique, France 2, 1998. > Lire plus
Tiré d'une affaire réelle, quoique tout à fait méconnue, Les 700 aveugles de Bafia permettent à l'auteur camerounais Mutt-Lon, dont c'est ici le second roman, de déployer un récit narratif prenant, sensible et sobre. Composé en flash-backs imbriqués, le roman se dévore pour l'intrigue sans doute plus que pour sa > Lire plus
Louisiane. 1995. Les inspecteurs Marty Hart et Rust Cohle quittent leur première scène de crime sordide depuis qu'ils sont partenaires. « HART. Cette scène de crime, aujourd’hui, c’est le truc le plus tordu que j’ai jamais vu. Je peux te demander un truc ? COHLE. Ouais HART. Tu es chrétien, pas vrai ? > Lire plus
« Cette chose que j’abritais n’avait rien d’étranger, ce n’était qu’une variante, qui me distinguait, un désordre que je finis par tolérer. Alors, je supportai de me côtoyer de près, ce que la plupart des hommes exècrent. » p13. « L’ensemble était un prodige de précision. J’ajouterai que Félice dut > Lire plus