Pour A.K.

« Il faut lire les extraits de ce Dictionnaire touareg-français [de Charles de Foucauld] comme l’un des hymnes les plus lumineux à la beauté de la création, dans la transparence d’un regard qui n’est plus orienté par le désir mais par l’accueil. (…) L’auteur n’est pas déterminé seulement par le souci de précision qui anime tout lexicographe, par un besoin de fidélité au peuple dont il veut être la conscience et la parole ; il est mû aussi par une soif d’union, qui souvent suscite un élan d’empressement et de partage au-delà même du concept décrit. (…)

Joindre, se joindre aux nuits, aux jours, aux bruits des caravanes, aux chants de l’amour, aux vents du désert, aux couleurs des sables. (…) La vie connue, aimée, par cette fidélité passionnée au détail, par la longue observation qui caresse la chose qu’on contemple ; et la parole se renouvelle, s’épanouit, semble retrouver une fraîcheur oubliée, elle luit comme une rosée d’aubade, comme un « gris alouette » qui chante sur la plage dans notre mémoire. (…)

Il ne faut pas chercher, dans ce Dictionnaire et dans les extraits proposés ici, ni l’exotique de l’explorateur ni le spirituel de l’élu : il suffit simplement de respirer lentement au rythme des nuits et des dunes, des silences et des solitudes peuplées d’appels, d’écoute ; de savourer ces mots goutte à goutte. (…)

Demandons cette aumône – et cette sagesse : « La condition de l’amour, c’est le silence. » »

Carlo Ossola, préface à Déserts, de Charles de Foucault, Rivages poche / Petite Bibliothèque, 2013

Pour poursuivre la route ensemble...
Le sentiment océanique – Michel Hulin, La mystique sauvage

C’est peut-être cela que le futur Ramakrishna a éprouvé d’une manière aussi intense que confuse : le dévoilement magique, sous la banalité des apparences familières, d’un monde plus net, plus dense, aux couleurs plus saturées, plus éclatantes – bref, d’un monde plus réel.

Le labyrinthe de jardin ou l’art de l’égarement

There is no coming to the One with one jump, and none without going about.  D.A. Freher, Paradoxa Emblemata. « Je t’ai vu dans l’erreur mon cher fils, et je n’ai pas voulu attendre plus longtemps, c’est pourquoi je t’ai conduit à toi-même et mené au fond de ton cœur. » Comenius, > Lire plus

Résistance à la nuit – Alain Giorgetti et son roman refuge

Tu sais, donc. Tu as traversé, toi aussi. Les galets dans le dos, et le froid, il ne te faut pas bien longtemps pour les prendre pour toi. Echoué et sans secours, tu es déjà mort dans l’indifférence générale. Et puisque tu as eu cette chance infinie de rester un > Lire plus

George Steiner et l’infinité des possibles

« Le concept kierkegaardien de « l’infinité des possibles », d’une réalité offerte dans son entier  à la déchirure du désastre et de l’absurde, est maintenant un lieu commun. Nous en sommes revenus à une politique de torture et d’otages. La violence, institutionnelle et individuelle, lèche les murailles de la cité, creuse, érode, > Lire plus