« Aussi longtemps qu’il y aura des choses à chercher, il y aura des chercheurs. » disait le poète brittonique Aneurin, croisé dans La Figure du dehors de Kenneth White.

Et c’est toujours un plaisir d’embarquer aux côtés d’un intempestif (hors de l’air du temps) qui cherche, qu’il soit scientifique, historien, poète ou pédagogue, comme François Herbaux, journaliste vulgarisateur reconnu par ceux qu’il passe comme un excellent transmetteur (voir la postface d’une des spécialistes d’Ultima Thule, Monique Mund-Dopchie).

Quintilien, un pédagogue du premier siècle de notre ère, conseillait déjà de tenir des fiches « source », afin de toujours savoir d’où précisément nous venait ce que nous croyons savoir avec certitude. Mettons que pour le fichier « Rupture » vous notiez le conseil d’Ovide dans Les Remèdes à l’amour, vous indiquant de changer de rue pour ne plus croiser incessamment l’être encore aimé : si cela tient, dans le temps et dans l’épreuve, alors vous pouvez continuer à vous y référer. Lentement, décennie après décennie de lectures et de recherches, une intuition rencontre ses sources, ou les sources accumulées éclatent comme une « valeur », qui, peut-être, se caractérise uniquement par le fait de « tenir bon » au moment où elle nous dessert pourtant.

Digression sur les flots incléments – et tant mieux – de janvier, pour vous indiquer la parution de ce « Dossier Pythéas », ou tout ce que nous savons, et surtout ne savons pas, de ce navigateur de Marseille qui aurait découvert dans le Grand Nord une île, la dernière terre connue, nommée depuis Thulé, ou Hyperborée, peut-être l’Islande, peut-être pas.

Sans doute également l’auteur d’un traité Sur l’Océan, perdu en dehors de quelques fragments, il aurait de plus apporté de considérables expériences astronomiques pour préciser des latitudes, prouver le mouvement lié des marées avec la Lune ou encore affermi l’hypothèse déjà avancée avant lui de la sphéricité de la Terre. Très clairement et honnêtement détaillé par François Herbaux, ce dossier apporte en sus une traduction nouvelle (et parfois argumentée) de tous les fragments à ce jour disponibles, mentionnant Pythéas et ses périples. Nous verrons qu’ils sont si maigres que Pythéas, avant d’être une figure établie et incontestée parmi nos antiques prédécesseurs, forme aujourd’hui un nom ouvrant légendes et rêves, espace à lui seul de tous les fantasmes et de toutes les espérances. Jusqu’aux prochaines découvertes.

François Herbaux, Pythéas, Explorateur du Grand Nord, Editions Les Belles Lettres, 2024, 246 pages – Ouvrage envoyé par l’éditeur.

Pour poursuivre la route ensemble...
Suivre la voie sans y être invité – Meou-tseu, Dialogues pour dissiper la confusion

Confucius disait : "Ne pas parler à un homme avec qui on peut parler, c'est perdre un homme. Parler à un homme avec qui il est impossible de parler, c'est perdre ses mots." Comme sagesse et folie ont chacune leur temps, le débat a sa propre portée. Comment pourrait-il s'agir > Lire plus

Épuiser la guerre – Arnaud de La Grange, Le huitième soir

Vent noir, lieutenant de 26 ans, se porte volontaire pour l'Indochine, et la bataille de Dien Bien Phu. Pourquoi ? En huit soirs, dans son carnet, il assiste à sa propre création, et dans son atmosphère, nous y assistons avec lui. Voici quelques mots tentés, sur cette explosive expérience, pourtant > Lire plus

Les pleurs du chevreuil – Sang chaud, de Kim Un-Su

Toute première parution d’une nouvelle maison d’édition Matin Calme, qui parie sur le polar coréen, Sang chaud de Kim Un-Su demande de la patience et de la confiance pour déboucher sur une résolution mémorable.

La France dépecée – Marion Messina, La peau sur la table

Marion Messina achève sa mission sans l'indélicatesse de nous condamner à nous positionner bassement. Elle expose, pour nous délivrer tous, ce qui dégrade, humilie et rejoint l’abject sans ciller.

Le mauvais présage |Stéphane Audoin-Rouzeau, La Part d’ombre, le risque oublié de la guerre

Ces entretiens, plus encore que scientifiquement indispensables (là n’est pas vraiment leur objectif) nous placent en position d’écoute profonde, qui est toujours la plus bénéfique des positions du lecteur.

Dantec, l’espace vital

C’est parce qu’il y a des facteurs à prendre en compte. J’avais vingt ans, et contrairement aux apparences, je sais être docile et fidèle aux vrais électrochocs. J’avais vingt ans, et il m’a inversée.

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