« Mon combat n’est pas moral, il est d’abord physique. Donc j’insiste sur ce mot « combat », car c’est de cela qu’il est question durant toute la vie, c’est un combat qu’il faut mener, mais un combat vital, littéralement « pour la vie ». Il faut que l’homme du XXIe siècle redevienne un homme d’action. »

« [Mon combat vital] fera des citadins initiés, redécouvrant la nature dans la ville. Ceux-là redeviendront des hommes à part entière, et non plus des pleutres malheureux, rendus arrogants par une intelligence détournée, des cérébraux couards, forts en gueule mais suant la peur, l’hypocrisie, la lâcheté et en fin de compte la mort.
Si en effet l’homme s’initie à vivre dans les villes, il en redeviendra un acteur qui vivra selon les lois de la nature, un acteur qui retrouvera l’énergie vitale pour lui-même, cette énergie aujourd’hui détournée par les lois mécaniques.
Mon combat vital est fait pour cette initiation. Je vis sous les toits de Paris, je m’entraîne dans cette capitale où j’ai conscience du cosmos, du tellurique et de mon corps. (…) Ma respiration, ma nourriture et ma purification ne seraient pas globalement différentes si je vivais dans les Vosges ou en Bretagne. (…)
Je vais plus loin encore. J’affirme que l’autre nature, celle qui n’est pas ajoutée par les hommes, mais au contraire salie et souvent détruite par eux, cette campagne va être sauvée par les citadins. En vivant loin d’elle, ils vont la redécouvrir grâce à la ville et, prenant conscience du besoin absolu qu’ils ont d’elle, ils seront prêts à la défendre mieux même que ceux qui vivent dedans. (…)

Alors ces citadins iront dans la nature extérieure à la métropole. Ce sera pour eux comme une espèce de paradis retrouvé, d’apothéose. Ils l’auront méritée ! Ils sauront la protéger mieux que jamais et, s’il le faut, avec les poings.
Avec les poings !
Un code de vie est aussi un code moral. Et celui du citadin initié est d’une force inouïe.(…)

Heureux, le citadin initié, libéré de la peur, l’esprit radieux, le corps renforcé, adroit et puissant, ignorant l’égoïsme du méchant et la passivité du poltron, viendra en aide aux faibles en danger. Il le fera en portant son concours efficace aux corps constitués par la société, soit à titre préventif – par sa force dissuasive ou son intervention isolée – , soit d’une manière active aux côtés des pompiers, des secouristes, voire des policiers. (…)

L’homme doit retrouver son corps. Il est doué d’intelligence, affirme Arnaud Desjardins. Certainement. « Aujourd’hui, pour n’importe quelle activité dans laquelle l’érudition ne joue qu’un rôle limité, on recrute selon les niveaux d’étude.
– Oui, répondent les recruteurs, on sait que ça ne servira à rien plus tard, mais que voulez-vous, il faut bien un critère pour sélectionner les gens.
– Je vous demande, poursuit Desjardins, d’échapper à cette déformation moderne et de bien comprendre que l’homme, comme l’a dit Gurdjieff, est un être tricérébral, plus un cerveau sexuel particulier et que vous pouvez développer autant qu’il est possible l’intelligence du corps. (…)
Certains glissent et tombent, d’autres glissent et savent comment reprendre leur équilibre. Cette intelligence du corps intervient dans toute activité physique et éduquer la fonction motrice ce n’est pas seulement augmenter la force musculaire ni la souplesse, c’est éduquer l’intelligence. »
Le corps, le corps, le corps.
Réapprenons le corps. Réapprenons à respirer, à manger et à nous relaxer. C’est un travail quotidien indispensable pour recharger ses accus, pour défendre complètement son organisme et capter une énergie totale. Alors le cérébral sera libéré lui aussi et retrouvera sa véritable dimension. L’homme redécouvrira le goût de l’action, et à nouveau l’attrait du dépassement de soi aura un sens pour lui. Ayant de la volonté, il aura du courage ! (…)

Cessant de dépendre des sociétés, des institutions et des circuits aliénants créés par elles, l’homme reconquerra son indépendance et il méprisera les faux refuges. »

 

Don Jean Habrey, Combat vital, éditions Robert Laffont (1986, épuisé)

La pause musicale :

Pour poursuivre la route ensemble...
Ernesto Sabato – «Tu auras à pardonner cette sorte d’insolence un nombre infini de fois »

Tu me demandes conseil, mais ces conseils je ne puis te les donner dans une simple lettre, ni même sous la forme des idées contenues dans mes essais, qui correspondent moins à ce que je suis véritablement qu’à ce que je voudrais être, si je n’étais incarné dans cette charogne > Lire plus

Hermann Hesse, richesse intérieure et refus de commenter

[ Les siestes du Ranch : le déploiement des aides humanitaires intérieures. Nous sommes après le repas. Tout le monde dort. Tout le monde ? Non, au Ranch, la taulière veille et cherche sur son vieux talkie à capter les êtres encore debout, en émettant en boucle les extraits les > Lire plus

Lettre à une jeune guerrière | La Résistance d’Ernesto Sabato

Il faut aimer son coin, Clarissa, même si tu le subis. Garder, comme préconise un personnage de Proust, un « grand morceau de ciel » constamment au-dessus de toi, que ton cœur dévasté y reflète l’état réel du monde, la présence constante du mal, la difficulté de faire le bien > Lire plus

Gestion de la douleur fantôme

Avez-vous entendu ce sacrifice, qui nous sera reproché, murmuré dans la plaine aujourd’hui hostile entre deux camions de betteraves ?

« Être humain, et une femme, ni plus ni moins » – Ida Vitale, Ni plus ni moins

La poète uruguayenne Ida Vitale fête aujourd'hui ses 100 ans. Ni plus ni moins ! Mystères « Quelqu’un ouvre une porteet reçoit l’amouren plein cœur. Quelqu’un qui dort en aveugle,en > Lire plus

« La condition de l’amour, c’est le silence » – Charles de Foucauld, Déserts

Pour A.K. « Il faut lire les extraits de ce Dictionnaire touareg-français [de Charles de Foucauld] comme l’un des hymnes les plus lumineux à la beauté de la création, dans la transparence d’un regard qui n’est plus orienté par le désir mais par l’accueil. (…) L’auteur n’est pas déterminé seulement par > Lire plus