Balades littéraires & retours de lecture
Ce que j’ai lu, je dialogue librement avec pour le transformer en ce qui s’incarne.
Occupée – Julien Gracq, La Maison
« J’avais soudain la sensation absurde et en même temps extrêmement précise que le bois était d’une manière ou d’une autre occupé. »
Paris, par la petite porte – Sergio Aquindo, Bête à gravats
Un premier roman en récit généreux, au cœur du monde des travailleurs pauvres, immigrés ou non, qui garde dans son humanité imbibant chaque page le souvenir vif de cette entrée en la matière brute et sans pitié.
Les êtres responsables – Ernesto Sabato, Censure, liberté et droit à la divergence
« Je n’appartiens pas à ce genre de démagogues et d’hypocrites qui se déclarent opposés à toute forme de censure par principe », annonce-t-il d’entrée de jeu. « Le problème n’est pas là, poursuit-il plus loin. Le problème survient quand c’est l’Etat qui fait cela dans la vie publique au moyen de procédés qui ne relèvent ni de la loi ni de la justice. »
Essais sur le Texas – Larry McMurtry, In A Narrow Grave
Si vous n’avez jamais entendu parler de Larry McMurtry, écrivain réputé du Texas, Prix Pulitzer de littérature, c’est sans doute parce que cette région a toujours peiné à exporter hors de ses frontières ses grands auteurs, à la différence des Etats du vieux Sud...
Au fond du bain de griefs et de deuils – Paul Auster, Pays de sang
Bloodbath Nation, paru en 2021, est un livre illustré par les photographies de Spencer Ostrander qui ne montrera rien, traquant l’histoire familiale de Paul Auster dont on ne lui a rien dit, sur la piste de tueurs de masse qu’on ne nommera pas. Pays de sang aujourd’hui traduit en France par Anne-Marie Tissut, est un livre hanté de vide et de honte.
Un lecteur sauvage n’a pas d’identité – Comment devenir vivant, de Giuseppe Montesano
L’un de ces manuels qui nous font retrouver, tous les jours, le feu sacré, et renouveler perpétuellement nos vœux avec le sensible, le vital, et l’éprouvé, en opposition aux sinistres injonctions au sarcasme, au cynisme et à la désillusion.
Autorités intellectuelles – La fille parfaite, de Nathalie Azoulai
Lorsqu’Adèle la mathématicienne se suicide (pendue, comme un homme), Rachel, l’écrivain, résignée, soulagée autant que mortifiée, se met en devoir de témoigner, car après tout, la littérature, elle, reste.
Le mauvais présage |Stéphane Audoin-Rouzeau, La Part d’ombre, le risque oublié de la guerre
Ces entretiens, plus encore que scientifiquement indispensables (là n’est pas vraiment leur objectif) nous placent en position d’écoute profonde, qui est toujours la plus bénéfique des positions du lecteur.
Anne Montel, L’Abécédaire des métiers imaginaires
Ce qu'il y a d'admirable avec l'imagination d'une magicienne poètesse, c'est qu'elle nous enivre deux fois : par le touché délicat de son dessin facétieux, d'une part, par le vertige de ses expressions nimbées d'un vocabulaire soigné, aux allusions aussi fines que plaisantes, d'autre part.
« Je vous entends, m’entendez-vous ? » – Cécile Ladjali, La nuit est mon jour préféré
« Borgnes ou culs-de-jatte, nous avançons dans une forêt de signaux ténus et il nous faut être sensibles aux vibrations. C’est ainsi que nous devenons des prophètes. » Tom, psychiatre à Tel-Aviv, reçoit dans son institution Roshan, Palestinienne désespérée, en...
La guerre des ordinaires – Henry Lion Oldie, Invasion, journal d’Ukrainiens pacifiques
« Dis, général, de quel mal notre ère souffre-t-elle ? — Celui du siècle dernier. » Stupeur, consternation, impuissance, adaptation rapide à d’absurdes nouvelles conditions de subsistance, volontariat : voici le lot qui apparait désormais commun à chaque civil...
« Le secret, c’est de ne jamais accélérer » | Heptanes Fraxion, Ni chagrin d’amour ni combat de reptiles
Il y a quelques mois, bien entouré d'autres, j'ai lu ce poème Ni chagrin d'amour ni combat de reptiles. J'ai pensé me faire tatouer le titre sur le bras, comme une bravade mystérieuse vers des ennemis invisibles et des copains imaginaires. Mais son auteur,...