« – Ce jour où nous étions aurait dû être un jour splendide d’été. Mais les tourbillons de fumée de ce monde en feu continuaient à voiler le ciel d’un épais rideau, où le soleil sinistre n’était plus qu’un disque mort et rouge, sanguinolent. De ce soleil de sang nous avions pris, depuis plusieurs jours, l’accoutumance. Mais la fumée nous mordait les narines et les yeux, que nous avions entièrement pourpres et qui pleuraient.

Nous dirigeâmes notre marche vers le sud-est, à travers les milles sans fin des collines basses et verdoyantes de la banlieue de la ville, où se succédaient sans interruption de charmantes ou superbes résidences.

Nous n’avancions que péniblement, les femmes surtout et les enfants traînaient la patte. Alors, voyez-vous, mes chers petits enfants, nous avions tous, tant que nous étions, désappris plus ou moins à marcher. Nous avions trop de véhicules à notre disposition. Depuis la Peste, j’ai réappris à marcher. Mais alors j’étais comme les autres. »

Jack London, La Peste écarlate (1924),  trad. Paul Gruyer et Louis Postif, Actes Sud, coll. Babel, 1992, page 71.

Crédit : détail de la couverture de l’ebook des éditions du 38.

Pour poursuivre la route ensemble...
Liberté sans issue – Yves Ternon, Makhno, la révolte anarchiste 1917-1921

S’il ne s’agit en rien, pour Yves Ternon, de fondre une statue au milieu des mousses qui recouvrent la forêt de ces êtres libres et normalement sans visage, son essai cavalant bride abattue – au style procédant par bourrasques cinglant soudain au milieu du calme de la steppe, reprend toutefois > Lire plus

Déclin et salut de la littérature : Philitt revient, et redresse

« Laissons aux idéologues du déclinisme l’illusion d’un âge d’or révolu de la littérature – et osons être présents à notre monde. »

Ser terco. Insistir – Marion Messina, Faux Départ

Sobre, digne et cru, le style de Marion Messina, qui suit son héroïne simple et franche, ne cède jamais ni au sarcasme ni au pathos. Résolue à se battre, résignée à simplement survivre, Aurélie donne une voix à la jeunesse provinciale motivée mais perdante d'avance. La jeune prodige égratigne avec > Lire plus

Paul Gadenne, L’Enfer de Sartre – La souffrance morne de l’athée révolté

À vrai dire une seule chose intervient ici pour démentir quelque peu cette impression : la violence avec laquelle ces êtres s’en prennent à leur destin. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus, car à vrai dire la révolte ne se justifie que si l’on peut en appeler à quelqu’un. > Lire plus

Shoa corridor : L’Adolescence volée de Stan Tomkiewicz

I've found a way to make you I've found a way A way to make you smile REM, At My Most Beautiful «  À l’époque où je dirigeais un service pour enfants arriérés profonds – « le rebut de l’humanité », comme disaient encore certains –, un étudiant en médecine est venu > Lire plus

L’écrivain ensablé – Silvina Ocampo et Adolfo Bioy Casares, Ceux qui aiment, haïssent

« Notre destin commun, écrivains qui obéissons à l’appel de la vocation et non à l’appât du lucre, est une perpétuelle recherche de prétextes afin d’éloigner le moment de prendre la plume. Aussi, c’est avec empressement que la réalité se charge de nous les fournir et c’est avec une sympathie subtile > Lire plus

Vous souhaitez recevoir les articles ?

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.